Livre-jardin, organisé : six parties, la première et la dernière ne comptent qu'un poème, trois pour chacune des autres parties. Nous voici dans un jardin (de poèmes) et le jardin est en nous. Pierre Chappuis place toujours ses lecteurs au coeur de ses paysages de mots. La « lumière » solaire de l'été y est « sourde », atténuée par l'ombre bleue des feuillages.

Cinquième recueil d'Eric Sautou publié dans la collection d'Yves di Manno, "Une infinie précaution" nous oriente dès le titre : la difficulté à formuler caractérise le projet d'écriture, elle le dés-oriente comme s'il fallait accepter, d'emblée, de tâtonner, de glisser, de se redresser.

Gigogne et seul. Anise Koltz déroule le temps comme l'espace pour augurer la ligne infinie de chaque vie reliée à celle qui la précède ou lui succède. Une parole d'Albert Camus ouvre le livre, épigraphe pour énoncer ce à quoi nul ne devrait déroger : « Je ne connais qu'un seul devoir, celui d'aimer. »

A contre-ciel, la foi est démentie dès l'amorce, un refus fonde l'élan du premier poème : « Je ne crois pas au ciel comme séjour des bienheureux ».

« Ici », premier mot du livre, et la négation, dès le premier poème, témoignent d'une réduction qui gagne le coeur et la page, multipliant ce qui fut et qui a été arraché : « nul objet ne peut sortir sans avoir dit le lieu nul objet ni personne d'écriture. »

Projet : partir du noir-nuit d'avant le temps, d'avant la rivière et marcher. Jusqu'à l'endroit où la rivière disparaît dans le fleuve. Toute une histoire, et même une préhistoire : il s'agit de la Vézère, qui « a creusé des cavernes » sur les parois desquelles apparaît un « bestiaire unique et admirable ».

Le titre, « Au nord du futur », mêlant étrangement l'espace et le temps, semble indiquer une direction. Il annonce, promet peut-être. Empruntés à Paul Celan, ces mots peuvent aussi évoquer le monde des Ombres des anciennes mythologies.

Après "Le Sable doux" (un cahier d'écolier), publié en 2015, L'herbe qui tremble ajoute deux gros volumes essentiels pour la connaissance de la poésie des années 50 jusqu'aux premières années 2000. Deux pièces capitales également pour la (re)découverte des oeuvres de Pierre et Ilse Garnier.

Voici deux ouvrages qui n'en font qu'un et constituent un événement au moins dans le monde de la poésie. Le premier apporte sa contribution à la prise de conscience de la nécessité d'agir contre la dévastation de notre planète et la disparition de nombreuses espèces. Le second présente la genèse du premier et une réflexion sur la poésie.

Cette anthologie vise a priori tous les lecteurs qui ignorent la poésie de notre temps. Sont concernés également ceux qui la vivent (la lisent ou/et l'écrivent) pour y découvrir des oeuvres qu'ils ignorent, pour envisager les évolutions du genre et du temps.

Fabienne Courtade développe un récit qui tait autant qu'il parle. Roman en vers ? Poème autobiographique en éclats ? Suite de notes, pensées, citations, réminiscences, choses vues, poèmes brefs ? Les genres se mêlent.

Un fil blanc, ou une ligne, traverse la couverture terre-de-Sienne de ce livre d'un rabat à l'autre. En ouverture, une photographie de Véronique Gentil : un chemin herbeux aux ornières marquées, la pente.

Le récent ouvrage de Daniel Heller-Roazen, "Langues obscures", est sous-titré : "L'art des voleurs et des poètes". Il achève son chapitre introductif par ces mots : "Il apparaît que les humains ne se contentent pas de parler, et de parler des langues. Ils les brisent aussi et les éparpillent, avec toute la raison qu, elles portent, dans les sons et lettres d'idiomes rendus multiples et obscurs." Cette tendance profonde, la poésie l'incarne.

Nous savons, depuis Aristote et Sénèque, que la poésie a partie liée avec le "soleil noir de la mélancolie". Entre fureur et acédie, tristesse et inspiration, entre et bile noirs, le poème s'écrit.

Dans ce livre au grand format (21,5 x 27 cm) nourri d'images, le mouvement de l'écriture baroque rejoint la multitude de personnages des dessins.

Publié pour la première fois par Opales/Pleine Page en 1997, " L'Homme qui penche " est de nouveau accessible grâce aux éditions Unes. Thierry Metz (1956-1997) est vivant, comment l'ignorer ? L'humanité douloureuse, la vie critique des mots qu'il choisit, traversent le temps, revenant toujours au présent de vivre.

Tout a commencé par un courrier envoyé par le peintre au poète à l'époque des cartes de voeux. Un arbre dessiné au fusain, cette branche calcinée; a été glissé dans une enveloppe, sans mots.