Voilà un cas assez unique d'hybridation et de transformation d'un opéra. ean-Baptiste Lully a composé en 1682 son "Persée", qui remporta un énorme succès . L'ouvrage, il est vrai, ne lésinait pas sur les machineries et autres effets scéniques avec ses monstres, ses dieux et ses combats.

Opéra peu banal, "L'Aiglon", dont le livret a été tiré par Henri Caïn de la pièce d'Edmond Rostand, a la particularité d'avoir été composé à quatre mains, celles de deux musiciens aux styles divergents.

Admirateur de Virgile, Hector Berlioz a pensé toute sa vie écrire un opéra fondé sur l'Enéide en rédigeant lui-même le livret. Il termine en 1858, à l'âge de 55 ans, cet ouvrage monumental de près de cinq heures en deux parties : la Prise de Troie puis les Troyens à Carthage. Apothéose du grand opéra à la française mais d'une originalité singulière avec son écriture harmonique avant-gardiste, son orchestration fastueuse et une profondeur psychologique rare dans ce répertoire.

Malgré ses tribunes radicales en faveur de l'indépendance de la Catalogne, qu'il soutient avec conviction, Jordi Savall affiche toujours, au moins en musique, l'esprit ouvert d'un humaniste mondialisé que sa curiosité invite à défendre des répertoires variés et extra-européens. Son album annuel, toujours aussi luxueux dans sa présentation, est cette fois consacré à la Sérénissime. "Venezia millenaria" évoque la cité des Doges de 700 à 1791, et même au-delà - à travers une succession d' événements illustrés chacun par une oeuvre pertinemment choisie.

Il fut sans doute l'un des plus grands chefs et l'un des plus populaires de la seconde moitié du siècle dernier. Leonard Bernstein était au fond un peu l'anti-Karajan, préférant la spontanéité, l'inattendu et l'audace à la beauté formelle souvent stérile. Il aurait eu cent ans cette année et ses principaux éditeurs (Sony comme Deutsche Grammophon) n'ont pas hésité à publier d'énormes coffrets anthologiques.