Le sentiment d'une communauté de destin relie la majorité des juifs entre eux, qu'ils soient croyants ou non, qu'ils se revendiquent de la communauté officielle à travers ses associations ou ses synagogues, ou qu'ils soient détachés des institutions. Les juifs de France sont-ils pour autant devenus "communautaristes" ?

Les drames récents ont accru le sentiment d'insécurité chez les juifs de France, de plus en plus nombreux à voter à droite, ou même pour le FN, et à partir en Israël. Ils font l'objet d'une enquête approfondie. "L'an prochain à Jérusalem ?" (Fondation Jean-Jaurès/L'Aube) que "L'Express" présente en exclusivité.

La présidente du FN garde sa confiance en Frédéric Chatillon, rencontré à la fac. Accusé d'antisémitisme, l'homme est aussi mis en cause dans deux enquêtes judiciaires. L'une d'elles implique directement le Front...

Rarement le sentiment d'insécurité n'a été aussi fort au sein de la communauté juive. Les actes de violence antisémites ont plus que doublé ces dernières années. Ils sont de plus en plus nombreux à quitter certains départements de la couronne parisienne. Ou à partir vers Israël.

Le régime de Vichy occupe une place centrale dans la mémoire française de la Seconde Guerre mondiale. Dictature charismatique née de la défaite de 1940, le régime, sous couvert du maintien d'une souveraineté française fait rapidement le choix de la collaboration avec le Reich hitlérien, secondant les nazis dans la mise en place de la Solution finale et dans la traque des résistants.

Après le meutre de Mireille Knoll, le 23 mars, l'historien Marc Knobel analyse la résurgence des actes antisémites depuis 2000.

C'est l'historien belge Maxime Steinberg qui a parlé d'un « paradoxe français » au regard du bilan de la Shoah en Europe occidentale. Dans un article de 1993, il se demande pourquoi la France, pays ayant eu un gouvernement antisémite et collaborateur, connaît un taux d'extermination des juifs plus faible (25%) que les Pays-Bas (80%) et la Belgique (45%) alors que ces pays n'ont pas eu de tel gouvernement.

On nomme cela le « paradoxe français ». D'une part, les Allemands, avec l'aide du gouvernement ouvertement antisémite de Vichy et de certains citoyens français tout aussi antisémites, déportèrent vers les camps de la mort un nombre effroyable de juifs demeurant en France entre 1940 et 1944. D'autre part, en France, la proportion des juifs déportés fut plus faible que celle des juifs aux Pays-Bas, en Belgique ou en Norvège.

L'insurrection en Espagne de l'"armée nationale" contre le "Frente popular" stimule en France une presse et un courant d'extrême droite. Leurs discours nourris de haine et d'antisémitisme fustigent le Front populaire, qu'ils associent au communisme et à la barbarie.

En 1886 est publiée "La France juive". Le livre est vendu à 60 000 exemplaires. Un journaliste obscur, Edouard Drumont, fait irruption sur la scène politique de la jeune République. L'antisémitisme a trouvé son prophète.