L'acteur de gauche rayonne dans une pièce où il est beaucoup question d'argent.

Il s'est levé trois fois pour se resservir un café, s'est regardé deux fois dans le miroir pendant qu'il parlait, profil droit, profil gauche, et s'est emballé ici ou là, toujours poli, passant souvent du coq de la politique à l'âne de la scène sans même attendre la fin de sa réponse. Pierre Arditi, chez lui, c'est-à-dire dans sa loge, rouge, du théâtre Montparnasse, quelques minutes avant la représentation de ″La Vérité″, de Florian Zeller.

Il a interprété "La Vérité", une pièce de Florian Zeller, et s'attaque au "Mensonge" du même auteur, en janvier 2015 au Théâtre Edouard-VII, à Paris : l'un de ses « meilleurs compartiments de jeu » puisqu'il a été sa « lutte ». L'acteur ne ment plus. Il enregistre l'Histoire d'une jeunesse à l'occasion des vingt ans de la disparition de son grand-oncle Elias Canetti. Le prix Nobel de littérature y revient sur son enfance ; Pierre Arditi reconnaît la sienne, se remémorant l'oncle Elias lui offrant du chocolat, un « mélange entre Tintin et le docteur Watson ».

Donner des matières aux sentiments, les explorer avec les seuls outils du cinéma, une clé de l'oeuvre d'Alain Resnais.

Il incarne à lui seul tous les paradoxes du comédien. Véritable Fregoli, Pierre Arditi ne cesse de courir après lui-même sous des costumes d'emprunt.

Le jour, il tourne avec Alain Resnais. Le soir, il joue dans ″la Vérité″, la pièce de Florian Zeller, où il est époustouflant et hilarant. Rencontre.

L'acteur est prolifique à la scène et prolixe à la ville. Avec quarante-cinq ans de carrière au théâtre, au cinéma, à la télévision ou dans le doublage, il a de quoi raconter. Et il ne s'en est pas privé.