Interviewer Jacques Audiard est toujours un exercice particulier. Car l'homme ne se contente jamais de ses propres réponses : il réinterroge la question, réfléchit tout haut, pousse le bouchon de la dialectique, le rattrape, le fait changer de direction pour adopter un autre point de vue.

Présenté en compétition au Festival de Cannes et à l'affiche dans les salles, ″De rouille et d'os″ est le dernier film, très attendu, du cinéaste. Une histoire d'amour pas tout à fait comme les autres. Le réalisateur d'″Un prophète″ a gagné son pari : renouveler le genre et faire mieux que tout le monde. Entretien.

En France, il est l'un des rares à se confronter avec talent au cinéma de genre. Un Prophète, film de prison sec et tendu, crée l'événement. Rencontre avec un cinéaste qui doute pour avancer.

Petit à petit, le Audiard fait son nid. La carrière du cinéaste français est à la fois remarquable et singulière : chacun de ses six films réalisés depuis 1993 (« Regarde les hommes tomber ») a obtenu plus de succès que le précédent. Il accumule les Césars, les prix en tous genres et vient d'obtenir la palme d'or pour « Dheepan » (sortie le 26 août 2015). Le box-office et les récompenses ne font pas tout, c'est vrai. Mais Jacques Audiard, 63 ans, a su rester exigeant, tout en s'ouvrant au public. Partant du principe qu'aiguiser son propre regard, c'est aiguiser celui des autres.

Jacques Audiard est revenu de Cannes avec la Palme d'or et une jolie controverse critique sous le bras. Entre retour triomphal et retour de bâton, le cinéaste français le plus célèbre et le plus célébré au monde raconte « Dheepan » et l'après « Dheepan ».

Plébiscité à Cannes comme le meilleur film de la compétition par la presse française et étrangère, Un prophète est reparti de la Croisette avec le Grand Prix du jury. Cette consécration comble tous ceux qui, comme nous, se sont passionnés pour le cinéma de Jacques Audiard depuis ses beaux débuts : Regarde les hommes tomber, sélectionné par la Semaine de la critique en 1994. Dans Un prophète, son cinquième long métrage, Audiard s'adosse une nouvelle fois au cinéma de genre pour brosser le portrait d'un jeune homme qui acquiert sa liberté

Après le huis clos viril et carcéral d'″Un Prophète″, Jacques Audiard a eu envie de décors variés et aérés ainsi que d'une vraie histoire d'amour. C'est donc sur la Côte d'Azur, mais encore dans les Alpes et en Belgique qu'il a imaginé cette rencontre improbable entre Matthias Schoenaerts, la révélation de ″Bullhead″, qui s'adonne ici au free fight, et Marion Cotillard, dresseuse d'orques accidentée.

Dans "Dheepan", palme d'or à Cannes, le cinéaste montre comment un migrant originaire du Sri Lanka observe les habitants d'une cité de la banlieue parisienne dont il est le gardien. Entretien.

Une Palme d'or inattendue, qui vient couronner la carrière de Jacques Audiard, cinéaste certes tardif mais qui est de toute évidence l'un des plus intéressants du moment. Comme à l'accoutumée le signataire d'"Un Prophète" s'empare des canon du film de genre pour mieux les transcender et fait mine de se frotter au réel pour nous offrir in fine un opéra par moments des plus baroques. La couleur qui prévaut est sans contestes le noir dans ce film qui met l'accent sur les zones de non-droit plantées au coeur de ces cités que l'on qualifie pudiquement de "'sensibles".

Rencontre avec Jacques Audiard. Avec Un Prophète, récompensé à Cannes par le grand prix, le cinéaste de Regarde les hommes tomber plonge dans l'univers carcéral et signe un grand film

De retour sur la Croisette, où il a reçu le Grand Prix du jury pour ″Un prophète″, Jacques Audiard fait le portrait d'une dresseuse d'orques et d'un boxeur marginal. Pascal Mérigeau a rencontré le cinéaste.