A l'heure où paraissent plusieurs textes-manifestes qui replacent la poésie au coeur de ce qu'elle peut encore ouvrir au-devant de nous, il ne faudrait pas négliger l'essai de Jacques Rancière sur Philippe Beek qui vient de paraître. L'ouvrage rassemble plusieurs articles, interventions et entretiens (dont certains avec Beek lui-même) que le philosophe a consacrés à la démarche singulière de l'un des poètes les plus exigeants d'aujourd'hui.

Dans un essai récent, Yves Vadé distingue deux lignes de la poésie : celle qui se trace depuis Orphée et celle qui se situe dans le prolongement de Merlin. Philippe Beck se réclame de la seconde, qui fait de la cloche de verre, ou "prison d'air enchanté", le lieu d'où écouter le monde, en rendre compte comme d'une musique et en musique.

L'important volume "Opéradiques", dix-huitième livre de poésie de Philippe Beek, s'intitule d'un adjectif des Goncourt, néologisme repris par Rimbaud dans l'une de ses "Illuminations" : "opéradiques", issu de l'anglais "operadic", "relatif à l'opéra". Il s'agit ici d'un opéra des arts, et d'un opéra en poème(s).

Ne pas comprendre la poésie de Philippe Beck s'envisage de mieux en mieux, selon ce que nous enseignent les nuages.