Essai sur ce beau texte de B.Cendrars. Un dossier complet offre ensuite la bibliographie, la chronologie, les extraits de presse et commentaires critiques. L'iconographie, enfin, donne un point de vue original sur l'aventure de ce mythique général suisse, source du roman, parti conquérir la Californie.

La Main coupée est un monument aux morts de la Grande Guerre, comme ceux sur lesquels on a inscrit, année par année, les noms des disparus, morts identifiés mais morts obscurs, sans gloire. Blaise Cendrars a prélevé dans sa mémoire les bribes de la vie et de la mort de ses compagnons de combat, des hommes ordinaires, tragiques ou cocasses, échappant à toute vision héroïque ou édifiante. Lorsqu'elle paraît en 1946, La Main coupée est plus qu'un témoignage retardé, c'est une réparation. Réparation parce qu'elle est un mémorial contre l'oubli, réparation aussi pour son auteur qui, dans cet ouvrage tardif, s'autorise enfin, librement, à parler longuement de la guerre, de sa guerre, comme il ne l'avait jamais fait, comme personne ne l'avait jamais fait.

4ème de couv. : A quoi tient, dans L'Homme foudroyé, cet air de fête, cette jubilation de l'écriture dont rendent mal compte un titre aux couleurs tragiques et tant d'épisodes marqués par la guerre, l'échec ou la mort ? Qu'est-ce qui pousse Blaise Cendrars à écrire à son ami Jacques-Henry Lévesque que c'est là ce qu'il a fait de meilleur à ce jour, et à Raymone, sa compagne, que c'est «le meilleur livre du monde» ? C'est dans le traitement du temps qu'il faut sans doute chercher les éléments d'une réponse. Le désordre savamment rhapsodique de ce livre à la composition fascinante répond à une ambition de démiurge : créer en secret l'écriture de l'éternel retour. Pour retrouver le temps perdu, Cendrars invente la prochronie.

Comparatiste et spécialiste du mythe, Pierre Brunel essaie de faire apparaître la transparence du roman à la faveur d'un schéma triangulaire auteur-personnage romanesque-héros mythique, appliqué à dix romans qui se prêtent à l'analyse mythocritique

« Sans préjugé esthétique, sans théorie préalable, mais avec une conscience aiguë des enjeux artistiques, fidèle à la seule nécessité du déplacement, Cendrars en douze ans parcourt en ses recueils successifs le panorama entier de la poésie de son temps. Et sort du champ. Comment rendre compte à la fois de la litanie moderniste et du distique des Pâques, de l'épopée lyrique du Transsibérien, du vers ample et narratif du Panama, des jeux typographiques et des courts-circuits des Poèmes élastiques ou des Sonnets dénaturés, des réécritures de Documentaires, du vers mat et sans effet de Feuilles de route, de ce lent glissement du poème narratif au récit poétique ? Quelle place attribuer au recueil tardivement constitué en point d'orgue : Au cœur du monde ? Et à la mystérieuse Légende de Novgorode ? » Marie-Paule Berranger.