Dans la torpeur de Juillet, Claude Chabrol, 77 ans défend "La fille coupée en deux", un excellent cru bougeois où, comme souvent chez ce réalisateur prolifique (54 films au compteur), le crime rôde.

Ils sont fans l'un de l'autre. Ils ne s'étaient jamais vraiment parlé. Raison de plus, à l'occasion de ce numéro 400, pour réunir en exclusivité Claude Chabrol et James Gray. Rencontre cinéphile au sommet entre deux amoureux du film noir.

Claude Chabrol continue, inlassablement, de dépeindre les travers d'une classe de philistins provinciaux dont il est l'un des meilleurs portraitistes.

Avec "Merci pour le chocolat" en 2000, Chabrol semblait trouver un nouveau souffle. Deux ans plus tard, "La Fleur du mal" confirme ce tournant. Les deux films entretiennent d'ailleurs plusieurs points communs, on pourrait presque les mettre en miroir, et voir dans ce nouveau film la version rose du précédent.

Dans "L'Ivresse du pouvoir", un film jubilatoire inspiré - quoi qu'il prétende - de l'affaire Elf, avec Isabelle Huppert en juge d'instruction et François Berléand en PDG emprisonné, Claude Chabrol attaque les pouvoirs politique, judiciaire et médiatique.

Un écrivain érotomane, les coulisses de la télévision et quelques spécimens gratinés de la bourgeoisie lyonnaise : c'est la recette du Chabrol nouveau.

Sous un titre baudelairien, Claude Chabrol nous livre un nouvel opus au parfum capiteux. Et le procès (plus ou moins joyeux, parfois violent) qu'il fait depuis plus de quarante ans à la bourgeoisie française s'enrichit d'une belle pièce.

Amoureux du cinéma d'Hitchcock, maître ès-manipulations, Claude Chabrol se plaît assez régulièrement à créer des McGuffin, ces fameux faux-semblants dans les films de l'oncle Alfred qui tenaient le spectateur en haleine pendant que le maître tricotait dans l'ombre un film plus secret. Chabrol chérit depuis toujours le genre policier, mais c'est pour mieux le détourner à son profit.

Claude Chabrol a écrit Bellamy pour Gérard Depardieu, qui s'est régalé avec ce scénario aux petits oignons. C'est d'ailleurs autour d'une bonne table, que ces deux gastronomes ont évoqué l'idée qu'ils se font du cinéma. Chaud devant !