Dans la petite troupe des saltimbanques de la nouvelle comédie française (Antonin Peretjatko,Justine Triet, Leonor Seraille, Vincent Macaigne, Laetitia Dotsch, Vincent Dietschy... ), Ilan Klipper surgit de manière inattendue et salutaire.

"Retour à Bollène" est le récit lucide, précis, concis, émouvant même, d'un retour impossible et d'un impossible adieu. Un récit assez laconique, sans épanchements, fait d'une succession de scènes plutôt brèves rythmant un film qui l'est tout autant (1h07), des scènes à deux ou à plusieurs, pas tant des faces-à-faces que des côtes à côtes, pas tant des confrontations qu'une collection de moments passés ensemble, où la possibilité même d'avoir (encore) des choses à se dire fait d'emblée question. Sommaire. Partir. Revoir Bollène : entretien avec Saïd Hamich.

En avril 1945, Marcel Pagnol adressait une lettre à son "cher Prévert" afin de défendre le rôle du scénariste contre celui du réalisateur. S'il y reconnaissait les qualités respectives de Renoir, de Clair, de Duvivier, de Carné, il prenait soin de souligner, qu'à ses yeux, ils n'étaient que "des exécutants comparables aux chefs d'orchestre", avant de préciser que "leur création n'(était) que secondaire" puisqu'ils avaient "besoin du manuscrit d'un autre pour commencer leur oeuvre". Prévert était-il d'accord avec une telle position ?...

Nulle image filmée n'est entrée dans la mythologie de Mai 68 : des photos, des slogans, des sons radiophoniques ou des interventions télévisées, oui ; mais aucun plan de cinéma indiscutable, qu'il soit documentaire("Le Joli Mois de mai", conçu par le collectif ARC, "Grands Soirs et Petits Matins", de William Klein) ou fictionnel. Il faut attendre juin, quitter le centre de Paris, repartir au turbin pour qu'une image filmée s'impose ("La Reprise du travail aux usines Wonder").

L'impertinent écrivain Eric Neuhoff publiera à la rentrée "(Très) cher cinéma français" (Albin Michel). Ozon, Demy, Besson... Ça balance pas mal.

Laurent Bouhnik, le réalisateur de "Zonzon" et de "Q", a regardé en trois semaines les quelques 150 films du coffret des César et osé écrire sur Facebook tout ce qu'il en pensait : le meilleur et surtout le pire. Rencontre.

A Truffaut lui faisant part de son désarroi concernant "Le Grand Alibi", Hitchcock fit la réponse devenue célèbre : « Pourquoi est-ce qu'aucun personnage n'est réellement en danger ? Parce que nous racontons une histoire dans laquelle ce sont méchants qui ont peur. C'est la grande faiblesse du film, car cela brise la grande règle : plus méchant est le méchant, plus réussi sera le film. » Règle d'or de tout scénariste : pour donner du relief à un film, il faut obtenir un bon méchant.

Pour "Anatomie d'une chute" comme pour ses concurrents, viser le sacre suprême, c'est un marathon de plusieurs mois : de la sueur, des millions de dollars et des émotions sincères.

C'est l'autre grand rendez-vous du Festival. Chaque année, les acteurs du secteur investissent le sous-sol du Palais des festivals pour vendre leurs films aux distributeurs étrangers. Un marché où chacun peaufine son argumentaire t cherche à faire monter les enchères. Pour cette nouvelle édition, l'optimisme est de retour malgré une industrie qui se cherche, entre crise des entrées en salle et pouvoir des plates-formes.

Le cinéma français est en chemin vers la parité. Lentement. Cela a commencé il y a déjà longtemps avec Alice Guy, Germaine Dulac, Jacqueline Audry et puis Agnès Varda, à qui "Positif" consacra, pour la sortie de" Cléo de 5 à 7", sa couverture et vingt-neuf pages intérieures (no 44, mars 1962). Jusqu’à sa disparition en 2003, notre consœur et amie Françoise Audé, pionnière de la critique féministe, répertoriait scrupuleusement les films réalisés par des femmes dans ses petits cahiers ("Cinéma d'elles 1981-2001 : situation des cinéastes femmes dans le cinéma français", 2002).

Deux films français présentés au Festival de Cannes et sortis en salle en 2023, "Anatomie d'une chute" (Justine Triet) et "Le Procès Goldman" (Cédric Kahn), bien qu'éloignés l'un de l'autre, aussi bien sur le plan stylistique que thématique, ont pour point commun de prendre la cour d'assises comme lieu d'action, en partie pour le premier, presque intégralement pour le second.

Longtemps considérées comme le parent pauvre du 7e art, les musiques de film sont peu à peu sorties de l'indifférence, marquant chacune à sa manière l'histoire du cinéma.