Délocalisations pour les uns, rémunérations stratosphériques pour les autres : doublement profitable pour ceux qui l'énoncent, le discours sur la mondialisation justifie à la fois la concurrence qui ″s'impose″ aux salariés et les privilèges dont jouit une jet-set présentée comme supranationale. Une étude minutieuse montre pourtant que les bases de cette élite autoproclamée restent nationales.

Quel fil peut bien relier les ministres ou anciens ministres Emmanuel Macron, Fleur Pellerin et Najat Vallaud-Belkacem, la présidente du conseil régional d'Ile-de-France Valérie Pécresse, les journalistes Jean-Marie Colombani et Christine Ockrent, l'homme d'affaires Alain Minc, le banquier Matthieu Pigasse (l'un des propriétaires du Monde SA) ou encore l'ancien premier ministre Alain Juppé ? Tous ont effectué un passage par la French-American Foundation dans le cadre de son programme « Young Leaders ».

Les parents sont du même monde. Ils ont fréquenté les mêmes grandes écoles, se croisent, en vacances, dans des îles pour happy few, et souvent se marient entre eux. Ce sont les enfants de cette nouvelle aristocratie dont la fortune n'a cessé de croître ces dix dernières années.

En un an, il a restauré les pleins pouvoirs des présidents de la Ve République, bousculant les corps intermédiaires et menant sa majorité à la baguette. "Je crois à l'autorité", dit-il. Mais qui sont les relais de ce monarque républicain ? Avec qui échange-t-il discrètement ? Et qui fait partie de sa cour ? Notre enquête sur le "club de La Rotonde", les nominations dans la haute fonction publique et les réseaux de la macronie. Sommaire. Avec qui règne Macron ? L'amicale de la Rotonde. Une noblesse intouchable. Les réseaux de Jupiter.

Les fortunes prolifèrent partout dans le monde. Capitalistes ou grands patrons, sportifs d'exception ou auteurs à succès, banquiers ou avocats internationaux, ces nantis constituent une aristocratie cosmopolite et disparate, toujours plus puissante et influente. Déjà certains d'entre eux n'hésitent plus à défier les gouvernements, d'autres contrôlent les médias et beaucoup se substituent aux Etats défaillants. Et ce mouvement n'est pas près de ralentir.

La haute administration a de longue date été un territoire presque exclusivement masculin, à l'image des lieux de pouvoir dans le monde de l'entreprise ou du champ politique. Au cours des dernières décennies, ce monopole ne s'est que marginalement érodé, malgré l'accès des femmes à l'aristocratie des diplômes et l'essor des mobilisations pour leur accès aux lieux de pouvoir. En 2014, les femmes occupaient ainsi 30 % des emplois de direction alors qu'elles représentaient 60 % des catégories A de la fonction publique.