Les années 1840 marquent l'Eveil de l'Arménie, le point de départ de la renaissance d'une nation. Les notables, concentrés dans la capitale ottomane, s'intéressent pour la première fois au sort de leurs compatriotes dans les provinces anatoliennes. Ils luttent contre la famine qui y sévit, et l'illettrisme lié à l'absence d'écoles. Meguerditch Béchiktachlian, un poète catholique, prêche la laïcité. Il appelle à la fraternité de son peuple au grand dam de Rome. En 1846, Déroyénts traduit Les Pensées de Pascal et les publie à Constantinople. Toujours en 1846, le même publie le journal Hayasdan - Arménie. L'éveil s'amplifie en 1855 : Gabriel Aïvazovski et Ambroise Calfa fondent La Colombe du Massis à Paris, et Meguerditch Khrimian sort L'Aigle du Vaspouragan à Üsküdar, en Constantinople d'Asie. En 1860, Meguerditch Dikranian rédige un abécédaire kurde-arménien pour alphabétiser les Kurdes, réformer le Kurdistan. Ces hommes portent les espérances d'un peuple et agissent en fidèles sujets de la mosaïque ottomane. Léon de Korikosz et Khorène Calfa Narbey, princes de Lusignan, travaillent au projet d'un royaume arménien, ou à une administration autonome des provinces orientales de l'Empire. Le premier a le soutien de la France de Napoléon III, le second celui de la Russie d'Alexandre II. Onnik Jamgocyan retourne aux sources, exploite la presse arménienne du 19e siècle grâce à une totale proximité avec ce monde, profite de sa maitrise du turc pour compléter sa recherche, et propose une nouvelle histoire du peuple arménien pour un public plus vaste. Il montre le rôle de la « nation fidèle » dans les réformes de l'agriculture et de l'agronomie ottomanes. Il apporte une étude novatrice sur Chouchi, la perle du Karabagh, un sujet ô combien d'actualité. L'Eveil de l'Arménie, une histoire inédite, préfacé par le Prof. Gérard Dédéyan, traite d'une des plus importantes périodes de l'histoire arménienne, et insiste sur l'importance de la diplomatie française du Second Empire.