Le 16 mai 2010, 3 000 personnes sont montées vers le plateau des Glières. pour la quatrième année consécutive, elles protestaient contre la récupération politique de cet emblème de la Résistance opérée par le président.

Un syndicat, la CGT, qui joue son va-tout en prenant le pays en otage, des Français exaspérés par un conflit sans fin, renvoyant l'image d'une France irréformable... Comment en est-on arrivé là ? "Le Point" est remonté aux racines du syndicalisme révolutionnaire, à une certaine Charte d'Amiens, signée en 1906. Et à ce modèle social "sacré", scellé en 1944 par le Conseil national de la Résistance, et si difficile à adapter.

Eric Brunet, journaliste, explore les liens entre le communisme et le gaullisme, deux forces politiques de poids dans la France des années 1940 et 1950. Les deux forces politiques sont d'ailleurs à l'origine du CNR et de l'Etat-Providence. Retour sur une connivence souvent délaissées par les historiens.

"Le pays qui se bat ce soir veut commander demain", écrit Albert Camus le 24 août 1944. Le rédacteur en chef de "Combat" ne croit pas si bien dire. Car les combattants de "l'armée des ombres" n'ont pas attendu la victoire pour rebâtir le pays. Dès mars 1944, un fascicule au nom évocateur, "Les Jours heureux", "manant du Conseil national de la Résistance, définit les fondations de la France libérée. Ce projet de société, marqué à gauche, porte en germe les avancées sociales de la Libération...

L'histoire avancerait-elle à reculons ? Si le programme du Conseil national de la Résistance (CNR), à la pointe du progrès économique et social, a pu s'appliquer à partir du 1944 dans un pays ravagé par la guerre, on ne voit pas pourquoi, dans une France et une Europe regorgeant de richesses, des changements de même ampleur ne seraient désormais qu'une aimable utopie incompatible avec les "contraintes" financières.