L'enlèvement de quarante-trois étudiants mexicains de l'école normale agraire d'Ayotzinapa, fin 2014, a ému le monde entier. Mais en allant sur place, tout se complique, et l'on découvre un monde où se mêlent activisme révolutionnaire, violence, corruption et trafic de drogue. Enquête sur une réalité politique inédite et cauchemardesque.

Il y a a quelque chose de ripou au royaume du Mexique. 1 429 assassinats ultraviolents depuis janvier 2007. Une police corrompue. Un trafic de drogue qui prolifère. Sept familles qui se livrent une guerre sans merci. Et un nouveau président qui envoie l'armée faire le ménage. Ce cocktail explosif alarme la presse mexicaine et l'opinion publique.

La disparition de 43 étudiants en septembre 2014 force le Mexique à faire face, une nouvelle fois, au fléau qu'est la violence liée à la drogue.

Le baron de la drogue Joaquín Guzmán, "El Chapo" fait enfin face à la justice. À cette occasion, plusieurs décennies de lutte contre le trafic de drogues seront également jugées.

La campagne présidentielle mexicaine a été marquée par un mouvement étudiant inédit dénonçant le soutien des grands médias privés à M. Enrique Pena Nieto, candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre droit). Elle a surtout confirmé la préoccupation principale de la population : survivre à la violence quotidienne déchaînée par le trafic de drogue.

Trafic de drogue, assassinats, extorsion et, désormais, gestion portuaire... L'emprise des organisations criminelles sur l'Etat mexicain semble ne connaître aucune limite. Le massacre de quarante-trois étudiants au mois de septembre dernier a cristallisé la colère de la population. Rarement celle-ci était descendue aussi massivement dans la rue pour dénoncer l'alliance entre pouvoir politique et cartels.

Le procès d'El Chapo, baron mexicain de la drogue, est spectaculaire mais il ne règle pas la question de la lutte contre le trafic de drogues.

Jamais un narcotrafiquant n'avait atteint une telle puissance. Jusqu'à devenir l'ennemi numéro un des Etats-Unis. Du cartel de Sinaloa, "El Chapo" avait fait plus qu'une entreprise criminelle : une multinationale de la drogue, dotée d'une véritable armée, capable d'acheter la police et les gouvernements. Il y a quelques semaines, il est tombé. Voici comment.