Contrairement à ce que les experts préconisent pour compenser la chute des cours des hydrocarbures, le Premier ministre russe refuse de dévaluer. Un pari osé qu'il pourrait payer cher si la crise sociale venait à s'aggraver

En aidant les entreprises à réduire leur dette extérieure, la Russie espère limiter les effets de la crise. Mais les prévisions de croissance ont déjà été revues à la baisse

Avec des revenus en baisse, la classe moyenne abandonne les stations de ski européennes et retrouve le plaisir simple du ski de fond dans les sous-bois de la région de Moscou

Chantiers interrompus, salaires impayés... Les ouvriers étrangers sont les premiers touchés par le chômage dû à la crise économique. Souvent originaires d'Asie centrale, ils rentrent massivement au pays.

Le triomphalisme n'est plus de mise au Kremlin. Car, depuis l'été dernier, les difficultés s'accumulent. Au lieu de consacrer la puissance de la Russie, la guerre avec la Géorgie puis le conflit gazier avec l'Ukraine n'ont fait que renforcer la méfiance occidentale. Et la violence de la crise économique annonce des remous sociaux d'une ampleur inhabituelle

La crise économique mondiale survenue en 2008, qui s'est durement répercutée en Russie, a cristallisé le mécontentement de la population, en particulier des classes moyennes et supérieures. Ce ressentiment, les réseaux sociaux et les blogs permettent de l'exposer sur la ″place publique″ en obtenant une résonance significative. Cette évolution n'est pas propre à la Russie ; elle est générationnelle.

La crise - la plus grave depuis la guerre froide - dans les relations entre l'Occident et la Russie a des répercussions palpables sur la vie quotidienne des Russes. La chute du cours du pétrole (entraînant celle du rouble), conjuguée aux sanctions européennes et américaines et à l'embargo russe sur les produits étrangers, entraîne une dégradation de la situation économique du pays. Si les classes moyennes supérieures doivent réfréner leur appétit de consommation, une partie de la population glisse vers la pauvreté.

La retraite partielle de Boris Eltsine, même encore différée, est désormais certaine. Et la lutte s'intensifie entre des candidats à la succession qui cherchent tous la formule d'un "new deal" permettant de remettre l'économie sur ses rails.

A Voronej, grosse cité provinciale au coeur du pays, le "tsar Vladimir" reste populaire. Malgré la crise, la corruption, les atteintes aux droits de lhomme...