"Tommaso" n'est pas seulement le meilleur film d'Abel Ferrara depuis "4h44, dernier jour sur Terre". C'est aussi l'exploration d'une forme qu'il n'avait jamais abordée: une chronique psychologique brossée par grands blocs de scènes sur fond de vie quotidienne, avec ses répétitions et ses ruptures, ses familiarités et ses inquiétantes étrangetés.

Le dernier coup double de Willem Dafoe : il joue un savant autrichien raciste dans "Le Crime de l'Orient-Express" de Kenneth Branagh et un gardien de HLM protecteur et paternel dans "The Florida Project" de Sean Baker. Pas étonnant que le passage en revue de son CV se transforme en cours accéléré sur la formation de l'acteur. Rencontre avec un héros aux mille Visages

Filmer les oubliés de la réussite américaine, les sans-abris, et plus précisément une jeune mère célibataire et sa petite fille dans un motel servant ,lieu de foyer, à deux pas de la féérie commerciale de Disney, tout en mélangeant habitants du cru avec une star comme Willem Dafoe : le projet atypique d'un jeune cinéaste qui ne l'est pas moins. En seulement deux longs métrages, dont le premier, "Tangerine", tourné avec un iPhone, Sean Baker a réussi à percer dans un cinéma américain de plus en plus verrouillé, surtout pour un jeune réalisateur se voulant à la fois indépendant et engagé.