Hervé Laroche s'attaque ici au cliché littéraire qui fleurit aujourd'hui. Il lui règle son compte avec un tel brio qu'on n'ose plus, après la lecture de son livre, prendre la plume, ne serait-ce que pour une banale missive. L'auteur nous ouvre les portes de cet univers «littéraire», où l'on savoure au lieu de manger, où l'on étanche sa soif au lieu de boire, où l'on marche sur des cendres encore tièdes, devant des décombres encore fumants, sur des chemins semés d'embûches ou des parcours jonchés d'obstacles.

Reprise de cet essai paru il y a vingt ans et qui reste plus que jamais d'actualité, sur l'acte de manger qui engage l'individu dans une aventure complexe, parfois contradictoire, où s'entrelacent, s'affrontent dans un véritable corps à corps des réalités différentes, entre le corps objectif, le corps rêvé, le corps institué

L'humour noir (ainsi baptisé par Huysmans) est la forme la plus pure, la plus liée à la mort et la plus magnifiquement scandaleuse de l'humour. Mais ce n'est pas la seule. Pour la première fois, on attribue ici aux humoristes d'autres couleurs, avec définition et exemples : jaune comme l'autodérision, vert comme la fausse naïveté, gris comme le monde vu par un dépressif, rouge comme la révolte changée en éclat de rire, violet comme le blasphème en robe de cardinal, bleu comme le délire déguisé en banalité quotidienne, caméléoriesque comme la parodie, blanc, enfin, comme l'euphémisme cocasse, les phrases absurdes ou les pirouettes de dandy suicidaire. Cet arc-en-ciel est pris entre deux lumières : celle d'une théorie générale de l'humour, qui part des acquis de Bergson ou Freud et d'une réflexion sur certaines figures de rhétorique, et celle de nombreux exemples principalement empruntés à la littérature française du XXe siècle, de Jarry à Vialatte et de Dada à Dubillard. A l'occasion, l'analyse est étendue aux alentours de la littérature - films, happenings, sketches ou dessins : c'est ainsi qu'on voit également passer dans le décor Buster Keaton et jean-Pierre Mocky, Fluxus et Sophie Calle, Hara Kiri et Sempé, Topor et Jean-Christophe Averty, Boby Lapointe et Muriel Robin.

Quinze études, de l'Antiquité à nos jours et dans des localités variées (Grèce, Italie, Afriques romaines, Europe, Argentine), explorent toutes les dimensions et les déclinaisons du souterrain : puits, caves, grottes, labyrinthes, égouts... Le cahier présente une topographie et une topique de la descente dans les secrets du monde et de soi.

Jean Froissart n'est pas seulement l'auteur des Chroniques, il a pratiqué presque toutes les formes de littérature de son temps, il a laissé en particulier un roman arthurien en vers, Meliador. Froissart est un conteur, il ne cesse de conter des histoires sur l'Histoire, des histoires sur lui-même, la biographie de ses contemporains et la sienne, sa carrière, ses voyages, l'histoire rêvée de son éducation sentimentale. Tout se mêle dans son œuvre, le temps de l'Histoire et le temps personnel, le temps objectif et le temps subjectif, le " temps du monde " et le " temps de l'âme ", ces interférences structurent son œuvre, lui confèrent sous une apparente diversité une unité profonde. Michel Zink contribue ainsi à faire connaître un auteur dont la séduction et la subtilité ne cessent de surprendre.