C'est souvent par la négative que la question de la reconnaissance surgit. Quand une minorité s'estime victime de discrimination, lorsqu'un salarié se sent disqualifié ou méprisé par sa hiérarchie, quand des jeunes issus de l'immigration exigent d'être considérés comme des citoyens comme les autres...

Qu'est-ce que la honte? Qu'est-ce que la pudeur ? L'une et l'autre participent à la définition de notre humanité. Lorsqu'une personne cesse de les éprouver, comme dans le film ″Vénus noire″, elle n'est pas loin de renoncer à elle-même.

Christianisme, islam, judaïsme et bouddhisme insistent sur la dignité de l'homme au travail, sur son inscription dans une communauté. L'idée d'un partage du travail est diversement accueillie. Partager avec qui ? Pourquoi ? L'auteur appelle à un engagement interreligieux concret sur le sujet.

Dans un débat philosophique portant sur les "politiques de la dignité", toute irruption du théâtre tragique grec peut sembler intempestive, tant le théâtre et la philosophie s'opposent par nature. Le premier est fiction ; la seconde est une science, la mère des sciences. Or une telle irruption, même intempestive, ne serait pas sans intérêt. C'est le postulat détaillé par Kouamé Gérard Yao, enseignant chercheur spécialisé dans l'esthétique théâtrale et les théories philosophiques du théâtre. Pour sa démonstration, il prend appui sur "Antigone", par Sophocle.

Avec le débat sur la fin de vie, la question centrale de la dignité humaine prend tout son sens. Thomas de Koninck, professeur émérite en philosophie, explore alors comment comprendre ce concept. Il insiste sur les aspects d'ontologie, de décence et de liberté qui doivent guider les pratiques relatives à protection de la dignité humaine.

L'actualité du monde nous le rappelle chaque jour : le nouage entre dignité et travail ne va guère de soi. Ou plutôt, participe-t-il plus d'une contradiction à laquelle sont confrontés ceux qui ne disposent que du salariat pour assurer leur subsistance que d'une potentielle résolution de cette même contradiction. Il faudrait se situer hors de toute réalité pour ignorer que le travail, dans son actualité et sous les divers modes de socialisation qui le conditionnent, entretient vis-à-vis de la question de la dignité ce que l'on pourrait nommer une inquiétude permanente.

A travers cet article, William L. McBride, expert américain de la pensée de Marx, de l'oeuvre de Sartre et de la réflexion de Frantz Fanon, livre une analyse de la question coloniale à partir du concept de dignité. L'ouvrage des "Damnés de la Terre" par F. Fanon et sa préface par Jean-Paul Sartre offre un point d'appui pour explorer cette thématique.

La dignité ne se laisse pas facilement appréhender ni dans son idée, ni dans ses différentes formes. Serait-elle un concept flou et vague, comme le suggèrent certains spécialistes ? Pourtant, bien plus que le bonheur et la liberté, la dignité n'est-elle pas cette boussole qui donne un sens à la vie individuelle parce qu'elle indique que, avant tout droit et tout devoir, tout humain a l'humanité en partage ? C'est à partir de ces questionnements que l'auteur introduit sa réflexion pour aborder les concepts de dignité et de condition humaine.

S'exprimant en réponse à une pétition réclamant un mémorial des handicapés mentaux et malades psychiatriques victimes du régime de Vichy entre 1941 et 1945, le président de la République française François Hollande réaffirmait que « dans une société humaine aucune vie n'est "minuscule" », faisant sans doute référence au récit « Vies minuscules » de Pierre Michon, et que « c'est à la façon dont elle traite ses personnes vulnérables que l'on juge une civilisation.