En novembre 2017, un manifeste, signé par plus de quinze mille scientifiques, a attiré l’attention sur l’état de la planète, l’ampleur des détériorations qui l’affectent et la nécessité pour l’humanité entière de changer de comportement afin d’éviter la catastrophe menaçante. Vingt-cinq ans plus tôt, en 1992, une mise en garde du même genre, signée de nombreux Prix Nobel, avait souligné l’urgence de l’action : «Si nous voulons éviter de grandes misères humaines, il est indispensable d’opérer un changement profond dans notre gestion de la Terre et de la vie qu’elle recèle.»

Bruno Latour a publié en 2015 "Face à Gaïa", qui prolongeait une réflexion engagée dans son "Enquête sur les modes d’existence". Le sous-titre de son dernier livre, "Où atterrir ? Comment s’orienter en politique", fait penser à Kant et son «Qu’est-ce que s’orienter dans la pensée ?» (1786), essai de circonstance qui proposait de s’orienter sans Dieu pour repère. Avec son ouvrage, s’agit-il de s’orienter sans la nature pour repère ?

Nous sommes encore nombreux à aborder le problème du réchauffement climatique avec des armes forgées au temps où l’enjeu majeur était la mondialisation (des médias et du capital). La mondialisation et le réchauffement climatique sont sans doute liés, le capitalisme étant central aux deux phénomènes. Mais ils ne posent pas les mêmes problèmes. Les questions qu’ils soulèvent sont souvent proches, mais les méthodes par lesquelles nous les déterminons comme des problèmes sont, tout aussi souvent, substantiellement différentes.

Que change la considération de la nature pour une société et sa vision de l'avenir ? L'objectif de préservation de la planète modifie-t-il le développement humain, la question des inégalités ou l'exercice démocratique ? Les phénomènes naturels déplacent les limites habituelles de l'existence. Ce ne sont plus les frontières des Etats qui importent, mais celles de la Terre. La valeur de la nature échappe aux calculs économiques, le lien entre enjeux environnementaux et sociaux crée des tensions entre le court et le long terme, et modifie le contenu des questions politiques.

Pour la députée écologiste Delphine Batho, le projet de loi "Climat et résilience" proposé par le gouvernement n’est qu’un leurre politique et ne rompt pas avec le mythe de la croissance.

Sujet sociétal central en 2021, l'écologie a pendant longtemps été négligée par les hommes. Pourtant, certains "prophètes" avaient déjà alerté sur son importance il y a des décennies voire des siècles. Mais à l'époque, leur parole avait été ignorée et parfois même moquée par une société qui se montrait de plus en plus productiviste. Désormais, voilà ces penseurs, qu'ils soient philosophes, économistes, scientifiques ou artistes, réhabilités. Sommaire. Deux siècles pour sortir du déni. Les philosophes. Les économistes. Les scientifiques. Les artistes. Les militants.

L’ancienne secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique revient sur ses quelques années en politique et sur la différence entre écologie et développement durable.

A chaque numéro, "Socialter" décrypte un enjeu écologique lié à la présidentielle de 2022 pour révéler les clivages et affrontements idéologiques qui se jouent au-delà des calculs politiques. Dans ce numéro, nous nous demandons si un parti "Vert" doit chercher à briguer l'Elysée.

Vincent Message signe un nouveau roman, "Les années sans soleil", sous le signe de l'écologie. Rencontre.

Les pronucléaires l'adorent, certains écologistes le considèrent comme un allié. A 60 ans, Jean-Marc Jancovici est l'une des stars du climat et de l'énergie. Des questions sur lesquelles ce polytechnicien planche depuis plus de vingt ans. A longueur de plateaux télé, de conférences sur YouTube et d'ouvrages de vulgarisation, dont la récente BD à succès "Le monde sans fin", l'ingénieur et consultant plaide pour une décroissance décarbonée avec l'aide de l'atome. Une vision que la guerre en Ukraine et ses conséquences énergétiques ont remise au centre du débat public.

L’invasion russe et la question énergétique qu’elle soulève accélèrent la prise de conscience environnementale, constate le sociologue, anthropologue et philosophe Bruno Latour, qui juge que le président français n’a pas la stature pour saisir les mutations qu’elle induit.