Ils sont profs, parents d'élèves militants, fonctionnaires ou cadres supérieurs : ils connaissent par coeur le mode d'emploi du système scolaire. Dès l'école primaire, ils tiennent à jour une liste des meilleurs établissements et maîtrisent les moyens, connus ou cachés, d'y faire entrer leurs enfants. Il managent la carrière scolaire de leurs chérubins comme Schumacher pilote sa Ferrari.

La carte scolaire fait descendre parents et enseignants dans la rue. Ensemble contre l'insuffisance des moyens, ensemble contre le gel de l'emploi public.

On le savait, c'est confirmé : une enquête de la direction de la programmation et du développement démontre qu'une grande partie des familles aisées choisissent le collège de leurs enfants. C'est-à-dire refusent celui de leur secteur.

Avec les baisses de moyens prévues pour l'an prochain, c'en est fini du lycée à la française. Entre coupe d'horaires et suppression de certaines options, le gouvernement restructure l'enseignement secondaire, au risque de la rigidifier et d'enlever aux moins favorisés les moyens qu'ils avaient d'accéder à la connaissance.

L'école élémentaire Anatole-France de Garges-lès-Gonesse a su tirer un excellent profit du dispositif des CP dédoublés, qu'elle a étendu à toutes les classes de cycle 2.

La carte scolaire, qui n'avait qu'un rôle de régulation des flux croissants d'élèves, lors de sa mise en place en 1963, s'est transformée au fil du temps en un instrument de gestion de la mixité sociale... auquel nombre de familles tentent d'échapper. Les candidats potentiels à la prochaine présidentielle, sensibles aux voix des parents-électeurs, se sont saisis de la question. Quels sont les reproches adressés à la carte scolaire ? Faut-il la supprimer ou l'améliorer ? Que deviendrait le paysage scolaire français si elle disparaissait ? Qui sont les maîtres du contournement ?