Les piliers qui ont servi à bâtir l'UE se sont effondrés, constate le politologue Ivan Krastev dans le magazine bulgare ″Kultura″. Au point que l'Europe n'hésite plus à brader la démocratie, selon l'hebdomadaire autrichien ″Profil″. Décryptage de la faillite d'un modèle.

Pour des raisons de politique intérieure, le Premier ministre britannique veut renégocier l'appartenance de son pays à l'UE. Certains l'accusent déjà de jouer les apprentis sorciers.

Au fond, l'Union a, sous plus d'un angle, atteint les principaux objectifs qui lui ont été assignés. En cela, elle est l'incarnation d'une réussite paradoxale. Si elle forme encore un espace pacifié et intégré elle n'en estpas moins prise dans les rets d'une crise inédite dans sa gravité au point de la menacer dans ses fondements mêmes. Ce constat ne doit pas occulter l'importance du chemin parcouru au fil des soixante dernières années. Portant une ambition identitaire le projet européen ne saurait se résumer à un manifeste fonctionnaliste.

La pérénnité de l'Union paraît incertaine. La présente contribution tend à dégager les voies d'un renouveau, démarche complexe dès lors qu'il faut éviter la pure fiction. Pour y parvenir, l'Union doit retrouver le sens du Projet européen, redéfinir les finalités et affirmer son identité. Il convient aussi de dépasser la vision purement libérale, voire financière de l'Union dans la définition d'un nouvel ordre économico-social faisant une large place aux droits sociaux et à la protection sociale.

L'Europe ne saurait se dispenser d'un examen de sa propre situation. Niall Ferguson en propose un diagnostic sans complaisance.

En appeler à des transformations institutionnelles de l'Europe ne suffit pas aujourd'hui, car l'Europe connaît une crise profonde de sa représentation. Les conditions préalables à l'exercice d'un vote démocratique ne sont pas réunies, et ce n'est que par la mobilisation des citoyens que l'on peut échapper aux nouveaux nationalismes comme à la doctrine ultralibérale.

Alors que le rêve d'une Europe unifiée fête ses 60 ans, l'Union européenne peut-elle échapper à la mort ?

Peur de l'immigration, crise identitaire, récession : jamais le terrain n'a été aussi propice à l'idéologie ultranationaliste et antieuropéenne.

Les prochaines élections européennes pourraient permettre aux populistes, aux nationalistes et aux eurosceptiques de refaçonner l'Union européenne de l'intérieur.

Si l'élection du Parlement européen le 25 mai 2014 est un enjeu important, les années qui viennent seront cruciales pour l'Union, en proie à un euroscepticisme croissant. A quoi ressemblerait la France sans l'Europe ? Enquête.