Peinte en pleine Seconde Guerre mondiale par Jean Fautrier, cette huile sur papier témoigne de la naissance d'un nouvel art, informel et matiériste, qui trouvera son aboutissement dans la série des "Otages". A redécouvrir au musée d'Art moderne de la Ville de Paris.

Exercer ce métier - "impossible", selon Freud - de psychanalyste, c'est tendre son oreille et ses perceptions vers la présence de l'inconscient, vers les ressorts de la créativité, vers les modalités - étranges parfois - de la survie psychique. Supposons que cette orientation de l'attention infiltre tout le rapport au monde, aux autres, à l'art et à la littérature, au politique... Nos lecteurs discerneraient et partageraient peut-être, dans cette page, "Lecture de psychanalyste", à paraître un numéro sur deux, ce cheminement particulier.

Jean Fautrier n'en fit qu'à sa tête et la postérité le lui a bien rendu, ne lui octroyant que du bout des lèvres la place qu'il méritait d'obtenir si tant est que cela soit un dû. Il fit valser les étiquettes que la consciencieuse histoire de l'art s'efforce d'attribuer à chaque nouvel impétrant se hissant sur les marches de la reconnaissance. Figuratif à ses débuts, si l'on considère le portrait déjà tourmenté de sa concierge en 1922, il se mua en artiste informel à la fin de cette même décennie avec les formidables lithographies illustrant «L'enfer» de Dante.