En célébrant le grand peintre et Charles Fourier, Jacques Henric réinvente dans son roman " Adorations perpétuelles" un nouveau monde amoureux.

Selon la tradition, Epiménide est un sage crétois auquel un sommeil de cinquante-sept années aurait conféré des dons divinatoires et chamaniques ; mais dans une pièce inachevée, récemment reconstituée à partir de brouillons et fragments, Charles Fourier fait de lui un de ses contemporains - et c'est dire qu'il nous ressemble.

Fourier décrit dans son oeuvre un « ailleurs » du sexe déroutant, en décalage radical avec la pensée de son temps - et du nôtre. Il convie ses lecteurs à une exploration qui dissout toutes les frontières.

Lorsque René Schérer, en 2006, se retourne sur son très fouriériste "Emile perverti" de 1974, il constate que ce qui se présentait alors comme une force libératrice a été accepté et intégré au point de devenir une force de contention. La "révolution sexuelle" s'est diluée dans l'évolution générale des moeurs et avec elle l'intensité fondatrice de Fourier. Ce qui était d'abord apparu comme une "licence élargie" pourrait bien n'être que le moment justificatif d'une extension du contrôle.

Il n'est pas rare d'être déconcerté par les textes de Fourier. Au concert harmonique qu'ils cherchent explicitement à produire se mêle toujours une série de dissonances bizarres qui les rend difficiles à entendre et à interpréter.

Il est une cruelle loi dans l'histoire des idées selon laquelle on finit par avoir les exégètes qu'on mérite. Charles Fournier s'en tire superbement avec Simone Debout qui aura consacré sa vie à le redécouvrir en nous faisant voir la beauté vive d'une pensée que rien n'arrête...

La théorie de Fourier comme machine à rêver.