"Je ne veux rien", s'écrie Fourier. Et plus loin dans la même oeuvre, il affirme encore : "Ce n'est pas moi qui veux ; c'est l'Attraction qui en ordonne ainsi (...)." Ses disciples , réunis dans l'Ecole sociétaire qu'il a fondée, saisissent bien la révolution qu'il introduit par ces simples mots, qu'ils reprennent à leur compte. "D'abord, Fourier ne veut rien. Fourier n'apporte à l'humanité ni lois, ni prescriptions, ni préceptes moraux, ni morale nouvelle".

L'essai le plus stimulant écrit sur Fourier reste, aujourd'hui encore, celui que Roland Barthes publia dans "Critique" avant de l'insérer dans "Sade, Fourier, Loyola" ( 1971). Barthes y rompt avec la répétition mortifère des stéréotypes, que résume le mot Phalanstère.

Entretien réalisé par Laurent Jeanpierre et Philippe Roger.

"Il y avait à l'Académie des sciences un Fourier célèbre que la postérité a oublié et dans je ne sais quel grenier un Fourier obscur dont l'avenir se souviendra." Tout le monde a lu "Les Misérables". Mais qui se souvient de cette phrase ? Elle se trouve dans la Première partie du roman de Victor Hugo, au Livre III, chapitre 1, intitulé "L'Année 1817", longue énumération de détails, "qu'on appelle à tort petits", mais dont l'accumulation est censée donner "la physionomie des années dont se compose la figure des siècles".