Les modèles anglo-saxon et européen à l'épreuve de la crise

Sombres perspectives économiques, fracture entre le Sud traditionnellement prospère et le Nord désindustrialisé, tentation sécessionniste en Ecosse et establishment affaibli... Les piliers du royaume s'effondrent un à un.

Croissance, chômage, productivité, déficit budgétaire, balance commerciale, endettement, fiscalité, Martin Wolf dresse ici un bilan en demi-teinte du gouvernement sortant.

L'idée que la Grande-Bretagne de M. Cameron est en train de devenir une "Little England" assoupie et confinée est très loin de la réalité.

Durant la crise financière et économique de 2007-2008, la productivité a beaucoup baissé au Royaume-Uni, ne se redressant que très faiblement depuis. Celle-ci se situait en effet, à la fin de 2014, 2 points en dessous de son niveau du début de l'année 2008 et 15 points en dessous de celui qu'elle aurait atteint si elle avait suivi la tendance d'avant-crise. Le maintien d'une faible productivité dans ce pays est singulier tant du point de vue historique qu'au regard de la situation qui prévaut dans les autres pays développés.

Le 23 juin 2016, les Britanniques choisiront de quitter ou non l'Union européenne. Quel que soit le verdict, c'est un tournant historique.

Comment limiter les dégâts du coup meurtrier insensé que vient de s'infliger la Grande-Bretagne ?

Baisse de la livre sterling, faible inflation, hausse des ventes au détail : pour le moment, l'économie du Royaume-Uni ne souffre pas trop de l'incertitude sur la concrétisation du Brexit. Pourtant, on peut déjà émettre quelques inquiétudes pour les entreprises confrontées à un divorce qui modifie complètement les règles d'échange avec le continent.

Le Royaume-Uni faisait déjà face à une pénurie d'enseignants. Selon le parti des Libéraux-démocrates, parti politique britannique du centre, la politique de la majorité conservatrice vis-à-vis du Brexit ne fera qu'accroître la crise de recrutement. En imposant davantage de restrictions administratives et des frais exorbitants, le gouvernement se retrouverait à faire payer l'équivalent d'une taxe aux enseignants issus de l'Union européenne souhaitant travailler outre-Manche.