Le réalisateur de "'Fitzcarraldo" publie un roman sur le soldat japonais qui avait continué de se battre après la défaite du Japon en 1945 et avec qui il avait sympathisé cinquante ans plus tard. Entretien.

Comment évoquer une situation familiale dans laquelle rien n’est totalement vrai ni totalement faux ? Werner Herzog nous propose une réponse avec "Family Romance, LLC", une fiction enchâssée dans la réalité puisque son acteur principal n’est pas un comédien professionnel mais le patron d’une agence qu’il a fondée en 2009 à Tokyo, Family Romance. Ce type d’entreprise loue des amis ou des parents de substitution pour quelques heures, une journée ou même des années.

Vous tenez entre les mains le troisième numéro de "L'Avant-Scène Cinéma" consacré à l'oeuvre de Werner Herzog. Nous avons déjà publié dans deux numéros très anciens les découpages de "L'Enigme de Kaspar Hauser" (no 176) et d'"Aguirre, la colère de Dieu" (ce numéro 210 est épuisé, c'est dire la popularité jamais démentie de ce film ahurissant). Depuis, le cinéaste a poursuivi sa carrière à nulle autre pareille. Herzog est un aventurier qui a fait le tour du monde avec sa caméra.

Il a passé sa vie à interroger la nature humaine, le rapport au danger, à la technologie et, bien sûr, à la jungle. Werner Herzog revient aujourd'hui avec "Famlly Romance, LLC", une fiction bricolée avec les moyens du documentaire sur une société japonaise qui propose à ses clients d'embaucher des acteurs pour combler leurs manques affectifs et ceux de leurs proches. Comment pouvait-on lui poser des questions autrement qu'en visioconférence, au coeur d'un été moite ?

Et le bateau franchit la montagne ... Dix ans après Aguirre, le cinéaste de l'extrême retrouve l'acteur Klaus Kinski pour un tournage dantesque dans la jungle amazonienne. Une épopée extatique.

D’"Aguirre, la colère de Dieu" à "Cobra Verde" ou "Fitzcarraldo", le réalisateur allemand de 82 ans s’est, tout au long de sa filmographie, illustré par des personnages tempétueux et des tournages mouvementés aux conditions extrêmes. "Chacun pour soi et Dieu contre tous", ses Mémoires qui viennent de paraître en français, rendent compte d’une vie aussi démesurée que ses films.

Quinze ans séparent la rétrospective de 2009 consacrée par le Centre Pompidou à Werner Herzog de celle qui aura lieu du 12 au 22 décembre 2024, quinze ans, et à peu près autant de fictions et de documentaires qui seront tous montrés pour compléter notre connaissance de l'OEuvre.

Né à Munich en 1942, Werner Herzog est l'auteur d'une oeuvre cinématographique majeure, divisée entre films de fiction et documentaires. À cette panoplie inégalée s'ajoutent l'écriture en prose et la poésie. Après "Sur le chemin des glaces" ( 1988), "Conquête de l'inutile" (2007) et "Le Crépuscule du monde" (2022), la publication de ses mémoires, "Chacun pour soi et Dieu contre tous" (Séguier, 400 p., 24,90 euros), vient comme ficeler une oeuvre immense.