Les grands patrons ne le supportent plus. Les intellectuels qui lavaient soutenu en 2007 ont été déçus. Dix ans après, ces puissants qui avaient porté Sarkozy à lElysée cauchemardent à lidée de son retour.

Marre de Finkielkraut, Zemmour et des autres colosses médiatiques néoréacs... Un autre paysage intellectuel se recompose fort heureusement depuis quelques années, avec de nouvelles incarnations de la pensée de gauche.

Sartre et Foucault conjuguaient le travail théorique et l'agitation politique. Aujourd'hui, les deux rôles sont trop souvent séparés. Faut-il verser dans la nostalgie ? Entretien avec François Cusset.

Proche de Martine Aubry, le sociologue Michel Wieviorka a participé à la campagne pour une primaire. Défenseur d'une gauche réformiste, il appelle à un dialogue entre le pouvoir et les intellectuels.

Derrière la grève massive du 29 janvier 2009 se développe une mobilisation nouvelle, celle des professionnels. Pris en tenaille entre la logique comptable et les objectifs sécuritaires du gouvernement, ils entendent peser dans le débat.

C'est une exception française. A l'instar de Zola volant au secours de Dreyfus, les penseurs tricolores s'engagent volontiers dans le débat public. Mais à l'heure des talk shows et d'internet, le sens et la portée de cette intervention ont changé. En devenant star, le grand intellectuel a-t-il perdu son aura ?

L'homme rare : la formule est de Sartre, quand l'écrivain meurt tragiquement en janvier 1960. Celui qui se voulait un artiste et non un philosophe fut d'abord un témoin, dans ses romans comme ses articles de presse, un coéquipier sur le terrain ou sur les planches, un juste, qui prit le parti des humbles et des oubliés, en marge des systèmes et des dogmatismes.

Interrogé par une journaliste britannique sur ses accès de botulisme, l'intellectuel français ne se laisse pas démonter. Charmeur et intrépide, il assume ses erreurs, sûr de la grandeur de ses idées.