Comment cet homme que l'on disait soutenu par son peuple jusqu'à la mort et déterminé à refuser coûte que coûte les exigences des alliés, comment ce stratège redoutable et froid a-t-il finalement cédé ?

Jamais il n'y a eu autant de guerres que depuis la chute du mur de Berlin, il y a dix ans. Celle du Kosovo confirme l'inadaptation de la défense française aux conflits réels : hormis la dissuasion nucléaire, elle ressemble à une armée de 14 juillet, mieux préparée pour les défilés que pour les conflits.

Après avoir observé les destructions effectuées par les raids aériens de l'Otan tout le long de la route conduisant du Monténégro à Belgrade, Jean-Paul Mari a passé dans la capitale la nuit de bombardements intenses au cours desquels l'ambassade de Chine a été touchée.

La Russie a fait un retour en force sur la scène mondiale depuis que l'Otan cherche une sortie de crise au Kosovo. Et la bavure de Belgrade lui assure le soutien très actif des Chinois.

Incontournable, l'Armée de Libération du Kosovo ? Sans doute, et surtout depuis l'exil forcé. Mais ses méthodes et sa composition - patriotes et brigands - nuisent à sa popularité.

La conférence internationale s'est terminée mardi sur une conclusion provisoire qui ne signifie ni paix ni guerre, à mi-chemin d'un accord que ni Belgrade ni les représentants du Kosovo ne sont encore prêts à entériner.

C'est à une conférence de tous les dangers que les Européens, les Américains et les Russes ont inventé les belligérants des Balkans. Un échec pourrait entraîner l'embrasement de tout le sud-est de l'Europe.

Tenter de réunir autour d'une table les intransigeants de Belgrade et les jusqu'au-boutistes kosovars relève du pari impossible. Malgré la complexité du dossier et les impasses diplomatiques, les Européens ont décidé d'aller de l'avant.

Le négociateur américain et le président serbe se sont affrontés avant, pendant et après les accords de Dayton sur la Bosnie. Ils viennent de relancer une partie de poker infernale où chaque erreur se paie en bombardements, en massacres ou en désastres diplomatiques.