Dans les départements ruraux, où tout se fait en voiture, la limitation de vitesse est vécue comme une punition. Reportage en Creuse.

Les élus des départements ruraux brocardent la méthode technocratique d'Edouard Philippe. L'obligation de limiter la vitesse à 80 km/h vient renforcer l'écart entre les territoires ruraux et les métropoles. Les uns devant décélérer, les autres, au contraire, profitant de tous les avantages de la proximité.

L'été 2017, quelque 400 000 kilomètres de ruban ont changé de rythme. Le passage à 80 km/h a percuté de plein fouet le sentiment d'abandon qui rongeait déjà les campagnes. Dans l'Yonne, aux abords de la Nationale 151, la mesure fait l'unanimité contre elle et l'extrême droite déboule à fond de cinquième pour ramasser les automobilistes frustrés. Mais à garder les yeux rivés sur le compteur, on reste aveugle aux causes profondes de la mortalité routière : quand tout s'éloigne et que la précarité déprime les zones rurales, les inégalités sociales se répercutent sur la route.

Depuis le 1er juillet 2018, on ne peut dépasser 80 km/h sur les routes. Cela devrait diminuer le nombre d'accidents mortels. Et côté conduite, savais-tu tout cela ?

Comment comprendre la folle et durable bronca suscitée par la limitation de vitesse à 80 km/h? Moins que le citadin et le rural s'opposent ici la logique et le sentiment de liberté.

Depuis qu'Edouard Philippe a annoncé une nouvelle limitation de vitesse sur les routes secondaires, partisans et adversaires de la mesure s'affrontent, y compris au sein du gouvernement.

Quatre ans après sa mise en oeuvre, le passage à 80 km/h divise toujours : près de la moitié des départements ont décidé d'y déroger. Est-ce à dire qu'il n'a pas fait ses preuves ? Non : des études révèlent des bénéfices tant en termes de sécurité que sur les plans économique et écologique.