Le cinéaste se mesure au mythique président américain. Pour ″Le Point″, il livre les secrets de ce film événement.

Au départ plutôt didactique, le film de Steven Spielberg décolle ensuite pour cerner avec brio une essence de l'Amérique. Où l'histoire prend toute sa signification.

Le grand enfant qu'est Steven Spielberg s'empare d'un sujet adulte, la figure mythique de Lincoln. Loin du biopic béat, son film en fait un super-héros de la politique. Ou comment concilier la légende et la lucidité.

Enfant, sa visite du Lincoln Memorial l'a bouleversé. Fasciné depuis par la figure de ce président légendaire, le cinéaste a longtemps cherché ″son″ Lincoln. En consacrant son film aux derniers mois de sa vie, ceux où l'homme d'Etat se bat pour abolir l'esclavage, Spielberg livre un portrait intime du personnage, loin des stéréotypes.

Dans leurs nouveaux films, Steven Spielberg et Quentin Tarantino évoquent tous deux la question de l'esclavage. Et s'inscrivent ainsi dans une longue tradition hollywoodienne.

″Lincoln″ vient rappeler à certains que Steven Spielberg est bien un cinéaste américain contemporain majeur. La vision du monde qui s'en dégage est désenchantée, ce qui surprendra ceux qui voient en Spielberg un optimiste béat. L'oeuvre est historiquement précise, ce qui risque de décourager les amateurs de blockbusters ; elle progresse par longues scènes dialoguées plutôt que par larges fresques d'action.

Le cinéaste de ″Jurassic Park″ rend hommage à l'homme qui a aboli l'esclavage aux Etats-Unis et explique à François Forestier pourquoi Barack Obama est l'héritier du fondateur de la démocratie américaine.

Avec "Lincoln", Steven Spielberg replonge dans l'histoire pour livrer un cours magistral sur les fondements de la politique américaine et la figure emblématique d'Abraham Lincoln. Forcément un événement.

″Lincoln″ est la deuxième collaboration entre Steven Spielberg et l'écrivain et dramaturge new-yorkais Tony Kushner (prix Pulitzer pour la pièce ″Angels In America″, sur la communauté gay dans les années 80, adaptée ensuite en mini-série), qui avait coécrit ″Munich″, son premier scénario. Pour écrire ″Lincoln″, Tony Kushner s'est appuyé sur la biographie de Doris Kearns Goodwin, ″Team Of Rivals : The Political Genius Of Abraham Lincoln″.