Avec son nouveau président, Andrès Manuel Lopez Obrador, le pays vire à gauche. Viva la revolucion ?

Les élections présidentielles viennent de ramener au pouvoir le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) qui a dominé sans partage le pays jusqu'en 2000. L'alternance politique a-t-elle donc été un échec ? Elle a buté sur la stratégie de lutte contre le trafic de drogue, qui a déclenché une vague de violence sans précédent. Démocratisation et répression des trafics sont-elles incompatibles ?

A quelques semaines de l'élection présidentielle du 2 juillet 2006, M. Andrés Manuel Lopez Obrador, le candidat du Parti de la révolution démocratique (PRD), est la cible d'un déluge d'attaques médiatiques l'accusant d'être un danger pour le Mexique.

Depuis dix ans, les Mexicains cherchent - avec succès - à transformer l'économie de leur pays avant de le réformer politiquement. Le meurtre d'un candidat présidentiel, venant après la révolte des Indiens du Chiapas, leur rappelle durement les risques de dérapage dans la violence d'une société trop inégalitaire.

Huit mois après l'insurrection zapatiste du Chiapas, le Mexique va élire, la semaine prochaine, son nouveau président. Pour la première fois depuis plus d'un demi-siècle, la victoire du candidat officiel est loin d'être acquise.

Le 12 décembre 2003, la Chambre des députés du Mexique a rejeté le plan de réforme fiscale du président Vicente Fox, qui, en augmentant les taxes sur les médicaments et les aliments, affectait les défavorisés. Cristallisant les espoirs de changement, le maire de Mexico, M. Andrés Manuel Lopez Obrador, manifeste une volonté d'amélioration sociale, tandis que, au Chiapas, après dix années de lutte, l'armée zapatiste met en place une structure politique et administrative autonome.

Le Mexique est à la croisée des chemins : entre deux océans, entre Etats-Unis et Amérique latine, il n'obéit pas à la division Nord/Sud, et participe au plus grand marché mondial. Mais il doit également prendre, le plus rapidement possible, une série de choix cruciaux et suivre le chemin de la démocratie.

Qui est le véritable Vicente Fox ? Le tribun populiste, intolérant et autoritaire qui a fait campagne - victorieusement - en traitant son adversaire principal de "travelo" ?

Le parti révolutionnaire institutionnel qui détient le pouvoir depuis plus de soixante-dix ans peut-il être battu ? Oui, à condition que l'élection présidentielle de dimanche soit, comme l'espèrent les Mexicains, plus "propre" que les précédentes...

Corruption, inégalité, éducation, santé, environnement, immigration, politique : Vicente Fox Quesada, le nouveau président mexicain, s'est engagé à tout changer.

L'émergence d'une classe moyenne insensible aux sirènes du clientélisme change la donne de l'élection présidentielle.

L'un des écrivains mexicains contemporains les plus en vue, également éditeur de la revue Artes de Mexico, nous livre une vision de son pays. Un pays que la poésie explique mieux, dit-il, que les chiffres et les statistiques