Inspirées par le roman noir ou la série B, les toiles de Monory, d'une violence étouffée dans la couleur, se déploient aux Capucins à Landerneau.

Peintre du cliché - non seulement de l'image photographique/photographiée mais de l'idée reçue en images, de ces "images incurables" dont il dressait autour de 1975 le "catalogue mondial" -, Jacques Monory s'expose lui-même, et son oeuvre, comme une série de clichés dont l'on pourrait esquisser ici un autre catalogue : le monochrome bleu (le "bleu Monory" se vend désormais en tubes), le personnage du tueur à gages, le dandy au panama et aux verres fumés, l'Amérique pas pop du film noir et des lignes droites qu'aspire l'horizon à travers la vallée de la Mort...

Ici, toutes les pièces de vie tournent autour de l'atelier du peintre où se jouent, chaque jour, des bribes d'une histoire esquissée en bleu.

Eternel chapeau sur la tête, lunettes noires sur le nez, veste en cuir, le plus dandy des artistes contemporains propose une version monochrome très personnelle de la réalité.

Son univers est bleu comme la nuit américaine. Fasciné par les polars et leurs gangsters magnifiques, Jacques Monory peint depuis les années 1950 des tableaux à charge contre la société. A 90 ans, il est enfin consacré par une grande exposition. Portrait d'une âme sombre que l'art a sauvée.

Il s'est toujours rêvé dandy ou gangster, dans ses toiles-écrans où il rejoue inlassablement des scènes de films noirs américains. A la veille d'une exposition au Fonds Leclerc, le peintre Jacques Monory nous ouvre les portes de son atelier à Cachan, dans le Val-de-Marne.