On avait dit de Mai-68 que c'était une révolte de l'esprit. Cette fois, c'est bien d'une révolte sociale qu'il s'agit, avec ses refus circonstanciés et l'immense peur de l'exclusion, à terme ou à perpétuité, que symbolise le projet CIP...

De Giscard à Martine Aubry, de Balladur à Barre, tous veulent, au nom de l'emploi, diminuer le coût du travail. Mais pour quels résultats ?

La droite perd aux élections régionales ? Rien d'étonnant, selon le secrétaire général de la CFDT : sa politique de l'emploi est un véritable échec. Très en colère, le leader de la première centrale syndicale française annonce, pour "le Nouvel Observateur", sa stratégie concernant les réformes à venir.

Le gouvernement a-t-il une politique de l'emploi ? Dix-huit mois d'hésitations et de volte-face n'ont pas permis de lutter efficacement contre le chômage.

Haro sur la réduction du temps de travail. Le gouvernement et les patrons se plaignent des 35 heures. Mais il est difficile de changer la loi. Le bilan en terme d'emplois est positif. En cinq ans, les entreprises se sont adaptées. Et la majorité a offert plus de flexibilité. Reste, en cas de reprise durable, le choix de société : permettre aux exclus du travail d'y accéder. Ou en donner davantage aux salariés en place.

Le patronat vient de critiquer vertement la politique économique de "ce pauvre monsieur Raffain". Gesticulation rituelle de rentrée ? Pas seulement : à leur tour, les CCI, institutions d'ordinaires pondérées, sonnent l'alarme, jugeant inefficace la lutte contre le chômage.

Entre le libéral et le social, le nouveau chef du gouvernement tente de lever les obstacles à l'embauche. Et de faire oublier son affrontement programmé avec Sarkozy.

Trop social, pas assez libéral, notre marché du travail ? La question taraude tous les esprits, dans les bureaux, les usines, les cafés, alors que la France s'enfonce mois après mois dans le chômage et la pauvreté.

Imposé par ordonnances et conspué par la gauche, le "contrat nouvelles embauches" est un ballon d'essai. Le Premier ministre, qui rêve d'un lifting libéral du Code du Travail, n'a pas droit à l'échec.

Social, le premier ministre ? Ou libéral, comme incitent à le penser ses multiples entailles au Code du Travail ? Est-il, comme il le prétend, le porte-parole d'un nouveau "réalisme démocratique" ?

Aide à domicile, garde d'enfants, soutien scolaire... Le gouvernement attend des créations d'emplois massives. Et les grands groupes comme Axa, Accord et Sodexho se ruent sur ces nouveaux métiers.

Licenciements abusifs, contrats de travail truqués, les syndicats se battent aussi devant les prud'hommes.