Frères musulmans et militaires s'affrontent pour le pouvoir. Le peuple se sent trahi. Reportage.

Après la stupeur et la liesse provoquées par la démission de Hosni Moubarak, vient le temps des interrogations. L'armée, omnipotente depuis près de soixante ans, va-t-elle tenir parole et organiser des élections libres ? Le printemps des peuples va-t-il s'étendre dans le monde arabo-musulman ?

Déclaré vainqueur du scrutin des 16 et 17 juin 2012, l'islamiste Mohamed Morsi devra composer avec des militaires qui ont pris soin au préalable de s'arroger des pouvoirs exorbitants.

La violence actuelle mène-t-elle le pays à un affrontement entre l'armée et les islamistes, comme dans l'Algérie des années 1990, ou alors à une entente entre ces deux forces, comme au Pakistan ?

Pour de nombreux partisans de la révolution, le vrai vainqueur de l'élection présidentielle ne s'est même pas porté candidat. Et n'est autre que le Conseil suprême des forces armées, qui n'en finit pas de s'arroger de nouvelles prérogatives.

Le 1er février 2011, près de 2 millions de personnes se sont rassemblées au coeur du Caire pour réclamer le départ de Moubarak. Mohamed El-Baradei, devenu le porte-drapeau de l'opposition, est désormais courtisé par Washington. Le régime va-t-il s'écrouler ? Et quel sera le rôle des militaires ? Les analyses et reportages des journalistes et blogueurs égyptiens à la veille des grands changements.

Larmée est aux commandes depuis le 11 février 2011, promettant la démocratisation du pays et la transmission du pouvoir aux civils. Ce changement suscite des espoirs dans tout le monde arabe. Du côté israélien, on observe avec circonspection les conséquences régionales induites par ce bouleversement politique.

Depuis le 18 novembre 2011, les manifestations ont repris sur la place Tahrir, au Caire. Le but des opposants ? Empêcher tout retour aux pratiques autoritaires. En réprimant le peuple, l'armée s'est disqualifiée. Discrets dans la rue, les Frères musulmans s'affichent comme un vrai parti conservateur.

Le carnage au stade de foot de Port-Saïd aurait-il eu lieu sans l'aval des militaires ? Le quotidien cairote énumère les raisons qui laissent penser à l'implication des forces de l'ordre.

A l'heure de la première élection présidentielle post-Moubarak, l'Egypte semble pieds et poings liés à l'armée. Et aucun candidat n'ose proposer la démilitarisation de l'Etat, souligne une universitaire égyptienne.

Les militaires encore au pouvoir ont dissous le Parlement dominé par les islamistes. Ils ne semblent pas vouloir reconnaître la victoire du candidat des Frères musulmans à la présidentielle.