Au coeur de la recherche sur la biodiversité et l'exploitation de ressources énergétiques inédites, les abysses océaniques seront un sujet central du festival Grand Océan organisé par « Sciences et Avenir-La Recherche » les 7, 8 et 9 octobre 2022 à Cherbourg. Rencontre avec un spécialiste des systèmes sous-marins.

Du fait de la démographie et du progrès technologique, les besoins de matières premières, surtout de métaux rares, sont croissants et les ressources se font rares. Il est tentant de se tourner vers les océans. Ils sont riches mais, outre les difficultés techniques de leur exploitation, celle-ci soulève de nombreuses questions écologiques, juridiques, etc. Au stade actuel de l'exploration, des normes se mettent en place.

Cobalt, nickel, cuivre, terres rares... Les ressources minérales des eaux profondes aiguisent l'appétit des Etats dotés d'une grande aire maritime. Thuriféraire de l'exploitation sous-marine à l'international, jouant la prudence et invoquant « l'exploration » sur la scène nationale, la France n'est pas la dernière à rêver d'aller gratter le plancher océanique, sans trop s'attarder sur la dévastation probable des écosystèmes.

L'assaut est lancé ! Scientifique, industriels et militaires sont partis à la conquête de l'ultime frontière de notre planète. La cartographie de ce nouveau territoire est en cours ; les découvertes s'y multiplient ; des ressources inespérées de platine, de cobalt, de manganèse suscitent convoitises et tensions politiques. Et des meutes de drones espions américains, russes et chinois se livrent déjà à de discrètes escarmouches. Furtive, trouble, silencieuse, la guerre des abysses a commencé.

Les grands fonds océaniques comportent de riches gisements de métaux. Mais leur exploitation, qui pourrait démarrer prochainement, aura des impacts environnementaux négatifs. Scientifiques et organismes régulateurs recherchent des solutions pour limiter les dégâts.

Dans son essai "Abysses, l'ultime frontière", Olivier Lascar nous emmène à la découverte des grands fonds marins. Un monde encore mystérieux qui attise autant la curiosité des scientifiques que la convoitise d'entreprises en quête de ressources minérales prometteuses. En voici quelques extraits.

L’océan souffre cruellement de la tragédie des communs : à personne et à tout le monde, sans règles ni contrôles. Alors, pour certains, ce n’est qu’un gouffre béant permettant d’y cacher leurs vices et leurs immondices. Pour d’autres, c’est un garde-manger vu comme infini et gratuit, un nouvel espace de conquêtes pour des ambitions économiques et technologiques débridées, souvent au mépris des peuples des pays du Sud. L’océan est aussi un cimetière d’épaves d’un autre temps, d’écosystèmes marins anéantis, de corps de pêcheurs asphyxiés par le système ou d’exilés en quête d’une meilleure vie.

Les grands fonds marins, un nouvel eldorado à explorer ? Cette expression invoquée aujourd'hui par le gouvernement français pour lancer leur conquête l'était déjà mot pour mot à la fin des années 1960. Rejouerait-on un scénario déjà écrit ?

Le 9 janvier 2024, la Norvège a voté en faveur de l’exploration des minerais présents sur ses fonds marins. Ces gisements, convoités par le pays, abritent des écosystèmes fragiles.

Cobalt, nickel, manganèse... : les abysses en contiendraient des tonnes ! Un trésor qui attise les convoitises chez les industriels, mais dont la collecte ne pourrait être que délétère pour ces milieux marins. Un code minier visant à réglementer leur exploitation est attendu pour juillet 2023...

Des ressources géologiques presque inépuisables gisent dans les fonds marins, et attisent la convoitise.

Moins connues que la surface de Mars, les abysses suscitent fascination… et convoitise.