Lors des deux premiers confinements, quelque 65 000 salons de coiffure, considérés comme "commerces non essentiels", ont dû fermer dans l’Hexagone, laissant leur clientèle désemparée. Conseils à distance, coupes clandestines ou apprentissage du maniement des ciseaux, les Français ont eu recours au système D. Si certains ont profité de l’occasion pour expérimenter ou retrouver une chevelure naturelle, tous mesurent désormais le rôle central joué par les coiffeurs dans une période bouleversée, où les visages apparaissent souvent masqués.

On y vient pour une coupe, une couleur, un brushing... mais pas seulement. Les salons de coiffure, qui ont tant manqué pendant les confinements, sont des espaces où l'on parle d soi et des grands sujets du moment. D'Arpajon à Bray-Dunes en passant par Paris, les échanges entre Mélina, Cindy, Paule et leurs clientes disent beaucoup d'elles et un peu de l'état du pays.

Leurs salons n’ont pas été contraints de fermer leurs portes, mais en pleine pandémie, peu de gens ont le coeur à se faire beaux. De "Kader le choco" au "Chouchou des dames", rencontre avec les coiffeurs de la capitale, Ouagadougou.

L’un a inventé le "coiffé-décoiffé", l’autre le dégradé à la tondeuse. Des années 1960 à 2000, Jacques Dessange et Jean-Louis David n’ont cessé de se partager la vedette... et les marchés. Car, au-delà d’une nouvelle façon de coiffer, ces seigneurs des ciseaux ont été les premiers à faire de leur métier un business ultra-profitable, transformant le salon de quartier en des enseignes duplicables dans le monde entier. Les deux hommes sont morts récemment, Dessange en janvier 2020, David quelques mois avant.

Dans l'Amérique puritaine de la fin du XIXe siècle, une jeune immigrée canadienne développe un concept révolutionnaire : le salon de coiffure pour dames. Ancienne servante issue d'un milieu défavorisé, elle offre à ses salariées un moyen d'émancipation, et à ses clientes l'occasion d'investir l'espace public.

Profession essentielle s'il en est - en témoigne la désolation des clients privés de coupe et de couleur pendant les confinements-, la coiffure est en train d'amorcer une mue spectaculaire. Tarifs, prestations, localisation, ça déménage chez les pros du ciseau.