L'album Satie est au pianiste français ce que le triple axel est au patineur artistique : une figure imposée mais néanmoins périlleuse. Bertrand Chamayou, qui ne fait jamais rien à la légère, présente l'auteur des "Gymnopédies" sous l'angle rétrospectif de son influence, notamment sur John Cage et sur les minimalistes américains.

L'oeuvre du compositeur Erik Satie (1866-1925) est parfois résumée à quelques musiques jugées faciles et à quelques polémiques avec ses contemporains. Si Satie est resté volontairement en marge du concert, une telle réduction méconnaît l'amplitude de celle-ci et les tournants qu'elle a pu connaître. Elle induit une contradiction : en général trop connu pour que l'on s'attarde, Erik Satie reste mal connu. Aussi voudrions-nous poser la question de ce que l'on sait de cette oeuvre multiforme, où la musique comme les écrits revendiquent la modernité d'une oeuvre ouverte.

Inclassable et farfelu, le compositeur français fut, de son vivant, admiré par bien des grands, mais incompris de la critique. En rupture avec l'héritage romantique, il aura posé les bases de nombreux courants musicaux.