Présenter l'histoire européenne comme celle d'une ″sortie de la religion″, c'est aborder, la sécularisation de manière trop homogène, sans prendre en compte la diversité du christianisme ni ses mutations historiques successives. En quoi la phase contemporaine, marquée par un désarroi de l'humanisme libéral et des défis politiques inédits, change-t-elle l'impact des potentialités politiques de la théologie chrétienne ?

Carl Schmitt a pensé avant tout le monde la nature du politique, l'état d'exception, les guerres irrégulières... Sa critique du libéralisme continue de fasciner une partie de la gauche. Mais il fut l'un des juristes attitrés du régime nazi, et cela reste une tache indélébile.

Dès le lendemain des attentats du 13 novembre 2015, François Hollande décrétait l'état d'urgence. Si celui-ci est encadré juridiquement, il est difficile à penser philosophiquement : est-ce, comme le croyait Carl Schmitt, le moment où l'on touche à l'essence même du politique ?

L'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en novembre 2016 a plongé le monde dans l'incertitude. Pour tenter d'éclairer l'avenir, nous avons invoqué l'esprit de quatre penseurs du passé. En effet, Fiodor Dostoïevski, David Ricardo, Marshall McLuhan ou Carl Schmitt ont pu déjà établir quelques enseignements annonciateurs.

"La nécessité n'a pas de loi" : cet adage a justifié de tout temps la faculté pour le souverain de s'attribuer des pouvoirs exceptionnels lors des périodes de troubles. A partir de l'analyse de l'état d'exception, Carl Schmitt propose une analyse pénétrante des relations entre droit et pouvoir.

Dans la discussion qu'il proposait de "La Persécution et l'art d'écrire" de Leo Strauss, Claude Lefort écrivait, dans "Ecrire à l'épreuve du politique", que la philosophie est toujours en danger.

Il est peu discutable que Carl Schmitt soit un penseur radical et que son radicalisme le rende, comme dit Meier, « politiquement mal avisé et dangereux ». Ce n'est pas une raison pour ne pas le lire ; cela peut même « s'avérer utile pour pénétrer dans la chose », ce qui est « éclairant pour le philosophe ».