En quelques décennies, tout a changé : la naissance, la mort, le temps, l'espace. Le philosophe rappelle dans ″Petite Poucette″ (Le Pommier) que l'humanité a toujours gagné plus qu'elle n'a perdu.

A 80 ans, c'est un jeune homme. Et pour cause : Michel Serres a accompagné toutes les grandes mutations des dernières décennies, annoncé l'avènement de l'ère de la communication et continue d'innover en brandissant le drapeau de la nouveauté. Philosophe, marin, ami des grands scientifiques et des paysans, il est aussi le témoin et l'exégète des transformations d'ouvrages, son dernier livre, ″Petite Poucette″ (Le Pommier) , s'adresse aux jeunes et à tous les geeks. Michel Serres inaugure ici une série de six entretiens réalisés dans le cadre des 60 ans de ″L'Express″.

Nos peurs ? ″Des dangers imaginaires″. Le bon sens ? ″La publicité des vieux cons″. Les médias ? ″Des marchands d'épouvante″. Michel Serres nous dresse le portrait sans complaisance d'une société en pleine bascule et de ses institutions tombées en désuétude.

Dans son nouveau livre, le philosophe Michel Serres invite la pensée à vagabonder davantage hors des sentiers battus, quitte à s'affranchir de méthodes car l'humain ne crée qu'en errant.

Selon cet amoureux du romancier, les "Voyages extraordinaires" entraînent le lecteur dans trois périples : géographique, intellectuel, initiatique. Un modèle à suivre pour raconter les sciences.

"Hermès", "Le Contrat naturel", "Le tiers-instruit", "L'incandescent"... Michel Serres est un philosophe soucieux d'articuler sciences humaines et sciences dures, de réconcilier nature et culture. Une encyclopédie, militant pour un partage universel des savoirs.

Avec son enthousiasme bien connu, il récuse avec force la nostalgie ambiante, mais s'agace de l'anglicisation des élites, ou de l'inertie des grandes institutions. Discussion à bâtons rompus avec un pédagogue pétri d'érudition, prêt à nous réconcilier avec l'avenir.

Depuis quelque soixante ans, le philosophe guette en franc-tireur le monde qui vient : à l'écart des grands bastions intellectuels, il a précocement annoncé et analysé la crise économique et la révolution numérique. Sa récente « Petite Poucette » est un best-seller.

Michel Serres voit dans le numérique une révolution comparable à l'apparition de l'écriture et de l'imprimerie. Un séisme dans la relation entre les êtres, le rapport à la connaissance, à l'espace et au temps, qui ébranle les institutions (dont l'école) et invalide leur schéma pyramidal. Les réponses viendront du terrain.

Dans son essai ″Petite poucette″, le philosophe s'interroge avec enthousiasme sur les révolutions déclenchées par Internet et les nouvelles technologies.

Penseur et conteur du "grand récit" du monde, Michel Serres relève qu'il est fait de commencements imprévisibles. Vivre dans la contingence fait apparaître le rôle de la liberté. Un des commencements les plus significatifs est la naissance virginale du Christ.