Furieux de devoir emmener au combat en Tchétchénie des conscrits inexpérimentés, certains officiers ferment les yeux sur les désertions organisées par le Comité des Mères de Soldats.

L'état-major russe et le Kremlin savent que la conquête de la capitale tchétchène et l'occupation du pays risquent d'entraîner Moscou dans une interminable guérilla.

Ecoles, hôpitaux, maternités, marchés : rien n'est épargné par les missiles et les bombes à fragmentation de l'armée russe, tandis que des milliers de réfugiés continuent à fuir le champ de bataille envahi par la neige.

Habitants du Caucase depuis l'Antiquité, les Tchétchènes ne sont pas les "bandits" qu'on décrit à Moscou. Peuple martyr, peuple insoumis, ils ont survécu à toutes les invasions, comme à la colonisation russe et à la déportation massive par Staline.

alors que les Russes s'apprêtent à élire dimanche leurs députés -avant de choisir dans six mois leur nouveau président-, la guerre de Tchétchénie semble être le dernier atout d'un régime aux abois, miné par la corruption, l'incompétence et le chaos.

Après une première guerre et trois ans de paix précaire, l'armée russe a relancé une vaste offensive pour s'assurer le contrôle de la Tchétchénie. Pourquoi la tentative de paix n'a pas abouti ?

"Là-bas, raconte une réfugiée, les gens mangent de l'herbe". Et un militaire russe : "Encore trois collines à prendre et la ville est à nous. Heureusement, Poutine nous donne carte blanche !"

"Poutine clame que la guerre est finie ? Elle ne fait que commencer !" C'est depuis leurs caches de la montagne que les Tchétchènes veulent à présent harceler les Russes.

"Votre mort sera lente et douloureuse" : c'est ce que les bourreaux russes annoncent à leurs prisonniers tchétchènes lorsqu'ils arrivent au "camp de filtration" de Tchernokozovo.

Reporter à Radio Svoboda, Andreï Babitski, 36 ans, était, jusqu'à sa "disparition", le seul journaliste russe à couvrir la guerre en Tchétchénie du côté des indépendantistes.