Soixante ans après l'entrée en vigueur des traités de Rome, la Cour de justice a connu une profonde évolution de son cadre d'organisation, la CJUE étant désormais constituée de deux juridictions dont la composition a beaucoup évolué. Si ses compétences ont été quelque peu développées pour tenir compte de nouveaux champs de contentieux relevant du droit de l'Union européenne, elles ont surtout dû être ajustées pour tenir compte de l'existence de plusieurs juridictions en son sein.

Depuis l'origine, trois tendances travaillent en profondeur le processus d'intégration européenne : l'Europe sans le(s) peuple(s), l'Europe pour le(s) peuple(s), l'Europe avec le(s) peuple(s). Prises ensemble, ces trois tendances constituent les potentialités démocratiques du traité de Rome.

Le présent article procède à une illustration processuelle de la fragilisation de la gouvernance européenne, à la fois par l'érosion de son pilier supranational (Commission) et l'hétérogénéité croissante de son aile intergouvernementale (Conseil européen et Conseil de l'Union), caisse de résonnance d'élites nationales livrées aux sirènes du populisme, du nationalisme, des extrêmes europhobe. Un souci de lege ferrenda et policy-oriented demeure sous-jacent à l'analyse

Le choix d'un texte centré sur l'économie, régit par une logique fonctionnaliste et marqué par un recul de la supranationalité impliquait d'écarter la question culturelle du champ d'action communautaire. Il s'agissait là d'une rupture historique : la culture ayant été généralement envisagée comme un vecteur majeur en faveur de la construction européenne. De manière paradoxale, notamment parce que l'économie et la culture ne peuvent être totalement séparé, c'est ce même choix qui va finalement permettre aux institutions d'intervenir dans ce domaine.

Il y a soixante ans, six pays européens fondaient la Communauté économique européenne, en l'absence de la Grande-Bretagne. L'idée de l'union des peuples d'Europe avait pourtant été lancée par le pragmatique Winston Churchill dès 1946.