Le géant des VTC peut-il rester dans la course ?

Au cours de la dernière décennie, l'économie mondiale a été marquée par trois phénomènes majeurs : le ralentissement de la croissance du commerce mondial, la résorption progressive des déséquilibres mondiaux, et la montée en puissance du rôle des entreprises. Ces dernières ont en effet procédé à une recomposition progressive de leurs chaînes de valeur via des stratégies complexes d'externalisation et de délocalisation de leurs activités de production.

La puissance des deux stars de l'économie collaborative provoque la crispation des pouvoirs publics. Etats, grandes villes et lobbies professionnels tentent de freiner leur croissance.

Comme leurs confrères parisiens, les taxis de Londres sont vent debout contre la déferlante Uber. Pour le plus grand embarras de Boris Johnson, obligé de faire fi de son idéologie ultralibérale pour défendre cet électorat potentiel.

Les chauffeurs de taxi parisiens ne sont plus seuls. La guerre est déclarée entre leurs homologues cairotes et les concurrents de ceux-ci, les sociétés Uber et Careem.

Agée de 8 ans, l'Américain Uber (société de véhicules de tourisme avec chauffeurs à destination des particuliers) s'apprête à changer de président, après la démission de Travis Kalanick en 2017. Mais le défi sera de taille pour son remplaçant, avec des résultats financiers à la peine pour l'entreprise, comme le prouvent les 3 milliards de pertes enregistrés en 2016. Le prochain dirigeant devra mettre fin aux trajets subventionnés et réduire la valorisation d'Uber. Explications. Données chiffrées.

Cela fait maintenant plus de 10 ans qu'Uber a révolutionné la manière dont les gens se déplacent. Le service existe désormais dans 63 pays à travers plus de 700 zones métropolitaines. Dans les villes qui disposent du service, nombreux sont ceux qui sont devenus dépendants de ce système de transport. A londres, son règne toucherait à sa fin : les autorités ont en effet décidé d'interdire le service en raison de nombreux abus.

Cette décision constitue un revers de plus pour le groupe américain, qui a accumulé les déboires cette année.

Dans cette ancienne cité industrielle de Pennsylvanie, des voitures autonomes Uber circulent déjà dans les rues. La mairie cherche à instaurer quelques règles du jeu avant que cette technologie ne bouleverse de nombreux équilibres.

Depuis son entrée en bourse en 2019, Uber repose sur un principe capitaliste ancien : la capitalisation d'un revenu à venir. Les investisseurs, en achetant des actions au rabais, acquierent ce revenu à prix réduit et imposent ainsi une charge aux futurs chauffeurs et clients qui devront rembourser sur leurs propres deniers.

Le nouveau dirigeant d'Uber peut-il redresser l'entreprise rongée par le scandale ?

La question numérique reste une inconnue pour les politiques et les décideurs. En témoigne le néologisme "ubérisation", qui est censé résumer le nouveau défi lancé à nos économies. On pointe ainsi du doigt une entreprise au lieu d'essayer de décrire un phénomène qu'on ne comprend pas. On cherche à mettre un mot sur un changement de paradigme économique qu'on refuse d'étudier alors qu'il produit ses effets depuis plus d'une trentaine d'années. On dramatise une situation pour éviter de l'analyser.