"Les Plus belles années d'une vie" est l'un des paris les plus fous jamais tentés au cinéma. Celui de proposer la suite d'un classique de l'écran, "Un homme et une femme" en reprenant les personnages et les acteurs qui prêtaient vie, cinquante-trois ans plus tôt. Le record de Bergman, qui avait demandé en 2003 à Erland Josephson et Liv Ulman de se glisser une nouvelle fois dans la peau des personnages de "Scène de la vie conjugale", trente ans après est donc battu...

Jean-Louis Trintignant, disparu juste avant l'été 2022 dans le Gard qui lui était cher, a tourné près de 150 films. Les commentaires apparus depuis sur son oeuvre de comédien évoquent la discrétion, une séduction spéciale fondée sur la délicatesse et le mystère, la sensualité (de la voix, du sourire, du regard). Salaud chez Bertolucci, Deville ou Cavalier, vertueux chez Costa-Gavras ou Rohmer, maussade chez Kieslowski ou Corbucci, Trintignant transcende la complexité et la diversité de ses rôles en maintenant avec le public international une familiarité, un lien de tendresse.

Cinquante-trois ans plus tard, Claude Lelouch retrouve les plages de Deauville et les ritournelles de Francis Lai dans "Les Plus Belles Années d'une vie", deuxième suite d'"Un Homme et une Femme", le film qui lui offrit un Oscar, une Palme d'or et une carrière. Rencontre avec un cinéaste toujours aussi pressé.