″S'engager ?″ : tel est le titre sous lequel est publiée par L'Arche la correspondance (de 1946 à 1957) entre Albert Camus et Michel Vinaver ; titre quelque peu réducteur par rapport à la richesse de l'édition établie par Simon Chemama, à l'intérêt de cet échange pour l'amateur de théâtre.

L'intérêt renouvelé pour l'auteur dramatique français éclaire notre période : sa description du monde de l'entreprise, qu'il connaît de l'intérieur, déjoue les facilités du théâtre à thèse.

En 1968, Michel Vinaver, alors PDG de Gillette, écrit "Par-dessus bord", une pièce sur l'univers de l'entreprise. Quarante après, la pièce est toujours aussi percutante.

Michel Vinaver, aujourd'hui le plus grand écrivain français de théâtre, vient d'augmenter d'une nouvelle pièce une oeuvre qui semblait close. "Bettencourt Boulevard ou une histoire de France" a été publié par l'Arche, un an avant sa mise en scène prévue, à la rentrée prochaine, par Christian Schiaretti. Cette exception à la pratique la plus fréquente de l'édition théâtrale et la qualité rare de cette entreprise risquée justifient de consacrer cette chronique au seul texte, sans attendre sa représentation.

La saison théâtrale 2015-2016 va particulièrement mettre à l'honneur Michel Vinaver. Elle a très bien commencé au Poche Montparnasse où Marc Paquien fait redécouvrir "Les Voisins" avec une étonnante liberté ; il n'est pas intimidé par celui qui est presque devenu un classique de son vivant.

Avec Michel Vinaver, une affaire politico-financière devient un ballet de personnages dont il n'est pas certain que le destin intéresse les dieux.