Il est un roman qui par son titre, "Je reste roi de mes chagrins", semblerait conforter cette idée d'une maîtrise, d'une foi en une royauté du moi, alors qu'il met en déroute une telle construction idéologique, religieuse, philosophique, morale, voire politique. Que son auteur, Philippe Forest, soit cet écrivain qui, depuis l'"Enfant éternel" (1997), met au jour, de livre en livre, ce qui fut et reste un des parcours de vie et une des rencontres avec le réel les plus singulières, les plus radicales qui soient, en vienne aujourd'hui à formuler le constat que "chacun est un autre" et que quelqu'un est "tout le monde", n'est pas le moindre des paradoxes.