Dispensé.e.s d'être malades. Les travailleur.euse.s des toutes petites entreprises -coiffure, restauration, bâtiment-, des salarié.e.s jamais malades ?
01 septembre 2021
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pp.66-81
La statistique publique montre que la santé des salarié.e.s des « très petites entreprises » (TPE) est meilleure qu’ailleurs alors même que la présence de risques professionnels y est plus forte et que la prévention y est très peu développée. A partir d’études empiriques menées au sein de trois secteurs fortement représentés dans les TPE : la coiffure, la restauration et le bâtiment, cet article explore le paradoxe des TPE en s’intéressant à la culture somatique de ces salarié.e.s. Il montre ainsi comment, à différentes étapes, la culture somatique portant à l’endurance des troubles de santé conduit à des stratégies de contournement des troubles eux-mêmes. Cette endurance se rapporte tour à tour à des effets d’ethos professionnel et aux rapports différenciés que les salarié.e.s des TPE entretiennent à l’avenir. Quand les troubles de santé deviennent trop « incapacitants » pour tenir le cours ordinaire de l’activité, s’arranger en interne et s’arrêter en évitant formellement l’arrêt maladie prévalent, la grande majorité des troubles de santé des salarié.e.s de TPE passant ainsi « sous les radars » de la statistique publique.