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Jeunes. Digital vs informalité : comment vont-ils construire les villes ?

Bulletin : Urbanisme 424
Numéros de page :
pp.10-73
"Forever Young". Tel était l'hymne de la jeunesse des années 1980, chanté par Alphaville, groupe ainsi nommé en référence au film de Jean-Luc Godard, dans lequel - sur une planète lointaine - un agent secret doit détruire l'ordinateur qui régit une ville déshumanisée afin de « sauver ceux qui pleurent ». Cette jeunesse de 1985, embarquée dans la société de consommation de masse mondialisée, portée par les déferlements médiatiques et culturels (MTV), qui découvrait les Mc Do, bientôt prendrait les charters qui lui offriraient le monde, et qui plaçait un fol espoir dans « l’informatique ». La génération X, hypermatérialiste (Bret Easton Ellis) et cynique (« l’esprit » Canal +), avide et égoïste, a dégagé sans ménagement les idéaux des années 1970. C’est vrai dans tous les domaines, et particulièrement dans celui de l’urbanisme. Fini l’aménagement du territoire (avec le retrait de Jérôme Monod de la Datar en 1975), et finie la toute-puissance de la maîtrise d’ouvrage publique d’Etat. Finis les ateliers pluridisciplinaires, les bureaux d’études coopératifs et les Oream. Finie la pensée urbaine globale mise en œuvre par des « éclairés » de toutes chapelles (ingénieurs, architectes, universitaires...). Procès expéditif et sanction radicale d’une époque à laquelle on fait, très injustement, encore porter bien des responsabilités, principalement celle de la situation des banlieues au travers des grands ensembles. Comme si la crise pétrolière, la désindustrialisation, les politiques sociales des quarante dernières années n’étaient pas des causes très suffisantes pour expliquer les raisons d’un échec sociétal plus qu’urbain. La génération X, c’est l’avènement de la réalpolitik urbaine chez les élus jeunes loups de la décentralisation, la prise de pouvoir des magnats tout-puissants de la promotion immobilière et des « starchitectes ». C’est le cycle des grands projets urbains et du nappage périphérique, conçus hors-sol de la demande sociale et accompagnés d’études d’impacts de trente pages, résumé par le célèbre "Fuck the context", de qui vous savez. Sommaire. Jeunes en chiffres et en lettres, introduction. Europan, plus de sens et de récit, moins d'architecture ? Peut-on être jeune et architecte ? Digital vs informalité. Chassé-croisé économique au coeur des villes. Exposition "Hip-hop 360". Jeunes et territoires : objectif (re)construction. Avoir 20 ans dans la diagonale du vide. La jeunesse francilienne : un atout à ménager. "La majorité veut rester en Ile-de-France", entretien avec Corinne de Berny et Alexandre Floury. Le monde selon les jeunes des quartiers populaires. Le grand repli des enfants des villes. Une politique de la jeunesse, vite ! Quand les jeunes élites s'engagent pour le climat. Sylvie Chenivesse : "Ils vont transformer l'entreprise". Hafsia Herzi : "La réalité marseillaise est universelle : c'est celle de la pauvreté en France".