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Les Leçons des crises et des chocs

01 novembre 2023
Numéros de page :
pp.8-12, 14, 16-28, 30-48, 50-81
Les crises et les chocs sont inscrits dans nos imaginaires par l'information médiatique multicanal, toujours plus élargie, avisée et réactive. De telle sorte que les catastrophes semblent rythmer perpétuellement l'actualité : tremblements de terre, inondations, guerres, attentats... Elles sont, de fait, moins surprenantes ; elles étaient d'occasionnels cris stridents, elles sont devenues de perpétuels bruits sourds, générant du like, de l'émotion, du commentaire, voire de l'indifférence, mais peu de remise en cause, et encore moins d'implication. Plus on nous donne à voir et moins nous éprouvons, selon le très connu principe de désensibilisation. Cela concerne, bien entendu, celles et ceux qui ne sont pas confrontés à la catastrophe elle-même, qui sont désormais habitués à recevoir un compte-rendu quotidien de la violence et de l'injustice du monde ; à la fois fascinés et blasés du spectacle d'un nouveau sinistre qui frappe ces autres qui sont comme une partie détachée d'eux-mêmes. Les plus concernés s'indignent de l'incurie des pouvoirs publics et de la voracité du capital qui ont conduit à ce que des malheureux se retrouvent exposés, puis frappés par le risque. Les plus fragiles pleurent un peu, les plus généreux font un don sur leur smartphone. Et, le lendemain, tout le monde passe à autre chose. Mais cela concerne aussi celles et ceux qui sont frappés de plein fouet par la catastrophe et qui vivent une nouvelle expérience du réel : ils savaient que ça pouvait (devait ?) arriver, et c'est arrivé. Ils doivent faire face à des circonstances qu'ils ont maintes fois vues depuis leurs canapés, pour se rendre compte que, paradoxalement, cela ne les a pas préparés (sans doute au contraire). Ils se découvrent étranges « spectacteurs », mobilisés par l'urgence, mais pressés de revenir à la normale et d'oublier tous ces tourments. Personne, chacun à sa place, n'oublie de réagir, mais trop peu sont ceux qui s'engagent pour tirer les leçons fondamentales des évènements. Quelques mois après la crise sanitaire du Covid-19, combien de stériles querelles au sujet d'une de ses moins flagrantes conséquences sur le territoire - le spectral exode urbain -, plutôt qu'un examen collectif approfondi de tout ce qu'elle a révolutionné dans nos sociétés (mobilités, lien social, rapport au travail, etc.) ? Quelques mois - toujours - après la tempête Alex qui a dévasté certaines vallées de l'arrière-pays niçois, combien de débats sur la « mécanique » réglementaire des PLU, plutôt qu'un travail destiné à faire émerger de nouveaux horizons pour les territoires concernés, quand une nouvelle tempête - Aline - est venue confirmer les nouvelles et fréquentes exigences de la crise climatique ? Sommaire. Concurrence des crises. Les leçons des crises et des chocs en chiffres et en lettres. Retour sur le FIG, un festival sous le signe de l'urgence. 3 questions à Geneviève Blanc, maire d'Anduze. Tempêtes Alex et Aline : reconstruire prudemment, mais vite ! « La force vitale des villes est beaucoup plus grande que n'importe quelle crise », entretien avec l'urbaniste new-yorkais Richard Florida. Construire un récit de l'impensable. Les villes ukrainiennes à l’épreuve de la guerre. Les catastrophes lentes appellent moins de réactions que les catastrophes rapides. De la résilience urbaine à l'ingénierie de la résilience systémique. « Il y a une politique de l'amnésie », entretien avec le géographe urbain et turcologue, Jean-François Pérouse. Glauque land, portfolio. Anticiper les pénuries alimentaires. Jakarta, une capitale déchue par le climat. Mayotte, la construction comme issue de secours. Aménager la ville pour prévoir l'urgence migratoire. Ateliers des territoires : nécessaires, mais pas suffisants. Après la tempête, projeter l'adaptation du littoral. Rouen : l'après Lubrizol. Région wallonne, la reconstruction. Cécile Wendling : « Nous devons réapprendre à veiller les uns sur les autres ».