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Mallarmé
Auteurs :
Editeur :
Année de parution :
1996
Collection :
139 p. : couv. ill. : 18 cm
La collection « Coup double » que dirige Benoît Chantre chez Hachette confirme son originale réussite. Un grand auteur (ou un artiste), un critique intelligemment épris, tel est le principe. Avec le Mallarmé de Jacques Rancière, philosophe du peuple et du travail, co-auteur avec Althusser, en son temps, du tome I de Lire le Capital, la surprise est de voir l'essayiste non pas contourner l'aristocratisme poétique de l'auteur du Coup de dés mais, au contraire, le justifier comme la contradiction féconde d'un poète radicalement démocrate. « Le poème, écrit Rancière en conclusion, doit être aristocratique, pas seulement « bien que » que son auteur soit un bon démocrate, mais parce qu'il travaille pour les fêtes à venir d'une foule que l'arrangement social présent retient loin de sa gloire, entre la fosse du travail et l'urne électorale. » Après la mort de Dieu annoncée par Nietzsche est survenue la mort de l'Idée du Bien qui était le soleil de la pensée platonicienne. Mallarmé a travaillé la poussière de ce soleil, il a voulu écrire sur le « folio du ciel » ; il a, selon la célèbre formule extatique de Valéry, « essayé d'élever enfin une page à la puissance du ciel étoilé ». Mais c'était pour que la littérature donne enfin sa preuve : celle d'être la plus haute expression du génie humain au futur, dans une consécration du peuple en son lieu propre. Se tenir à l'écart d'une lecture populaire et en même temps l'appeler par l'avènement du peuple à sa propre gloire terrestre, telle est, selon Rancière, en cet essai d'écriture dense et de pensée ferme, la double contrainte sous laquelle Mallarmé a OEuvré .Michel Contat in : Le monde, 13-12-1996