Le président Sissi est en train de perdre sa popularité et le soutien international dont il jouissait. L'armée songe-t-elle à le remplacer ?

En Egypte, la lune de miel entre les chrétiens et le régime du maréchal al-Sissi est finie. La passivité de l'Etat face à une série d'attaques confessionnelles et une nouvelle loi sur la construction des églises ont été vécues par la communauté comme des camouflets.

Jadis champion du panarabisme, Le Caire n'est plus ce phare vers lequel tous les regards convergeaient. Le chef de l'Etat semble résolu à faire de nouveau rayonner son pays sur la scène internationale... moins pour guider le monde que pour protéger ses intérêts.

Enlèvements, meurtres, tortures, le régime autocratique du maréchal al-Sissi a plongé la population égyptienne dans l'effroi. Alors que François Hollande devrait se rendre au Caire en avril 2016, la communauté internationale reste silencieuse.

Après le soulèvement de la place Tahrir et la chute de Hosni Moubarak, un vent de liberté semblait souffler sur les talk-shows égyptiens. Aujourd'hui, ces émissions, à de très rares exceptions, distillent les messages du président Al-Sissi.

Le tombeur de Mohamed Morsi continue de jouir d'une très grande popularité. Mais la répression sanglante qui s'est abattue sur les Frères musulmans pourrait écorner son image.

Le général qui a destitué le président Mohamed Morsi est exécré des Frères musulmans et adulé pour sa fermeté par leurs adversaires, majoritaires dans un pays las du chaos. Se contentera-t-il de maintenir la mainmise de l'armée en coulisse ? Ou cèdera-t-il à la tentation d'endosser le costume de monarque élu ?

Malgré une intense répression qui rappelle les années 1960, les Egyptiens se mobilisent contre un régime de plus en plus isolé. Le président Sissi ne fait plus rêver. Voyage dans une Egypte en pleine effervescence mais sans grandes illusions.

Les échecs politiques et économiques, ainsi qu'une répression sans précédent, ont fait chuter la popularité du président égyptien. Certains n'hésitent pas à prédire la fin de son règne pour 2017.

Pour redorer son image à l'étranger, le président égyptien réclame à la grande mosquée d'Al-Azhar, institution religieuse du Caire, d'entreprendre des réformes. Mais celle-ci ne veut pas céder d'un pouce.

Arrestations, enlèvements, assassinats : après le soulèvement de 2011 qui a renversé Hosni Moubarak, le régime égyptien est plus répressif que jamais.

Alors que la répression se renforce en Egypte au nom de la "guerre contre le terrorisme", d'éminentes figures du monde intellectuel, nostalgiques du nassérisme et souvent de gauche, ont proclamé leur soutien à l'armée. Cette génération des anciens est contestée par des écrivains et des artistes qui refusent le retour de l'"Etat profond" et la trahison des idéaux de la révolution.