Rom, déportée à l'âge de neuf ans, survivante des camps de concentration, Ceija Stojka a commencé à peindre à l'âge de 50 ans pour témoigner, avec une rare candeur qui rend encore plus insupportable l'horreur.

Après des siècles d'errance, l'art rom a enfin une adresse. Inauguré ce 8 juin, à Berlin, l'Institut rom européen pour les arts et la culture (Eriac) sera un lieu de refuge pour la culture rom. Fruit d'une longue saga, ce lieu ambitionne de mettre un terme à la clandestinité artistique de tout un peuple.

Déportée à dix ans dans trois des pires camps de la mort, Ceija Stojka (1933-2013) aura survécu à l'horreur de l'extermination des Tsiganes en Europe de l'Est, avant de révéler cette tragédie par l'écriture et la peinture. Découvert très récemment, son oeuvre peint fait l'objet d'une exposition posthume à la Maison rouge. Un choc historique intensément visuel.

Entre fascination et ostracisation, les Roms cristallisent depuis neuf siècles les stéréotypes les plus tenaces. Des clichés en cascade que l'exposition « Barvalo », au Mucem de Marseille, déconstruit dans un récit historique, social et artistique d'une rare originalité car conçu du point de vue romani. Un magnifique voyage dans la diversité de la culture gitane.

La Maison rouge (Paris) expose actuellement l'oeuvre de l'artiste rom Ceija Stojka, tout entière consacrée à son expérience de la déportation.